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Réflexions sur les comportements des dirigeants

Larry Summers, très proche conseiller économique de Barack Obama et ex-secrétaire au Trésor, a retiré sa candidature pour succéder à Ben Bernanke à la tête de la FED (la banque centrale américaine). Il craignait que le processus de désignation ne devienne acrimonieux. De fait, quatre élus démocrates du comité qui doit auditionner les candidats avaient d'ores et déjà déclaré qu'ils ne voteraient pas pour lui. Outre sa (trop ?) grande proximité avec le monde financier, il est probable que cette réticence vienne aussi des comportements de l'intéressé.

Connu pour son extrême arrogance, il montre impatience et mépris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas ses avis. On retrouve parfois cette caractéristique chez les individus supérieurement intelligents qui sont arrivés rapidement à des niveaux de responsabilité très élevés. Eblouissant par leur brio, ils sont souvent considérés comme des hommes providentiels, ce qui les conforte dans leur sentiment de supériorité. Volontiers centralisateurs, ils décident de tout. Les idées des autres ne sont retenues que si elles résonnent avec les leurs. Dominateurs, ils créent une atmosphère de peur, gare à ceux qui s'opposent, malheur à ceux qui ne répondent pas assez vite ou mal aux commandes passées. Leur environnement s'adapte : ne jamais dire ce qu'on pense vraiment. Et donc, ils n'entendent plus que ce qui les conforte dans leurs propres opinions. Progressivement, ils perdent tout recul sur eux-mêmes et, lorsqu'un dysfonctionnement apparaît, ils trouvent toujours l'explication et le responsable qui leur évitent d'avoir à se remettre en cause. C'est pourquoi, ils font nécessairement des erreurs. Car quelle que soit l'étendue de leur intelligence, leurs actions et leurs comportements dépendent aussi de leurs émotions. Et celles-ci, à leur insu, leur jouent des tours. Ils ne voient pas tel sujet qui les met mal à l'aise, ils n'interviennent pas dans tel domaine où ils se sentent moins confortable, ils renoncent à résoudre tel problème faute d'en trouver eux-mêmes la solution. Plus grave encore, gênés de se contredire, ils persistent dans l'erreur.

Il est réjouissant de voir que ce profil ne nous est pas réservé, à nous, Français. Pourtant beaucoup de nos dirigeants y répondent car la sélection sur le brio intellectuel sans tenir compte des comportements est l'une de nos spécialités, avec toutes les conséquences décrites plus haut.