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L’esprit de concession ou de compromis – Eric Albert

Le vote du budget de la Sécurité sociale a été présenté par la présidente de l’Assemblée nationale comme une grande victoire de la démocratie. Elle se félicite d’une plus grande maturité des députés qui trouvent des compromis, plutôt que de s’opposer frontalement. Le résultat est un budget encore largement déficitaire qui condamne les jeunes générations à accumuler de la dette pour payer la santé de leurs anciens.

La nécessité de faire des concessions est évidente. Et en entreprise elle s’impose tous les jours. Trouver le compromis entre la nécessité d’aller vite et de ne pas épuiser les équipes, trouver celui entre deux équipes qui sont en désaccord structurel, trouver le bon équilibre entre les intérêts des différentes parties prenantes, etc. La vie d’un dirigeant est de chaque jour trouver la juste balance.

Toute la question est de distinguer si le compromis favorise des intérêts particuliers ou catégoriels, ou l’intérêt général ? Chacun trouve des arguments pour expliquer que son point de vue est en faveur de ce dernier et que plus la décision ira dans son sens plus ce sera bénéfique au bien commun. Et il n’est pas toujours évident de faire la part des choses.

Le risque est que les protagonistes trouvent des arrangements qui préservent au mieux leurs situations en maintenant un statut quo. Les vrais problèmes demeurent, car les prendre de front viendraient perturber les uns ou les autres.

Le dirigeant, garant de l’intérêt général et empêcheur de tourner en rond, doit garder une attention particulière à ces compromis. Sa ligne directrice est qu’il demeure le dernier rempart du niveau d’exigence et du sens de l’intérêt général. Cette attention doit se centrer sur les ressorts qui peuvent se dissimuler derrière chacun des compromis. Il peut s’agir d’une posture territoriale ou d’un goût du pouvoir. Ailleurs, c’est le maintien d’une situation confortable ou la satisfaction d’être mis en avant. Ou encore ne pas perturber ses équipes ou leur maintenir des avantages considérés comme acquis.

Être dans un esprit de concession est indispensable à un bon fonctionnement collectif, mais les compromis qui visent à « s’arranger », produisent l’effet inverse. La poussée des intérêts individuels est permanente ce qui est normal dans une communauté humaine. Il faut donc rester vigilant. Au dirigeant de vérifier que l’esprit des concessions qui consiste à céder quelque chose, soit préservé dans le sens de l’intérêt collectif.