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Quelles fonctions dans la crise ?

Plus l'entreprise est grande, plus chacune de ses parties a tendance à s'enfermer dans sa logique. Un phénomène encore accentué par le mode d'évaluation des entités. En étant schématique, les opérationnels sont évalués sur leurs résultats chiffrés et les fonctionnels, sur leurs coûts, leur capacité à imposer des normes et le service rendu. Dès lors, des tensions s'installent entre les premiers, qui doivent produire dans des conditions de compétitivité implacables et les seconds dont la mission affichée est de les soutenir. En fait, les opérationnels perçoivent les fonctionnels comme plus à l'aise lorsqu'ils doivent imposer une règle qu'offrir un service. Selon les moments, le pouvoir bascule de ceux qui produisent, au risque de voir les coûts déraper, vers ceux qui régulent, en imposant beaucoup et en contribuant peu. C'est ce dernier modèle qui est privilégié en période de crise. Les fonctions centralisées deviennent l'instrument de contrôle des dirigeants. Pour leur plaire, les fonctionnels vont jusqu'à encourager leur propre externalisation et amaigrissement. Il devient alors évident qu'ils ne sont plus qu'un outil au service de la maîtrise de l'ensemble du système et moins un support à ceux qui produisent. Au manager opérationnel de faire des RH ou de la finance et de se débrouiller avec les systèmes d'informations. La conséquence est connue : surchargés, les managers n'ont plus le temps de faire du management. A l'inverse, donner des moyens aux fonctions centralisées dans des périodes de vaches maigres, n'est-ce pas les gâcher ? Pour sortir de ce dilemme, sans doute faut-il être plus précis sur ce que peut attendre un opérationnel comme service de la part des fonctions. Service dont il doit évaluer lui-même la qualité. Ainsi, l'appréciation de la performance des fonctions ne peut plus se faire uniquement par le haut de la pyramide. La qualité de fonctionnement d'une organisation et son ambiance reposent en grande partie sur cette certitude que tous concourent au même but et que chacun est évalué par celui auquel il rend un service. La performance des fonctions doit reposer, au moins autant, sur l'appréciation des opérationnels que sur l'impression des dirigeants.