Quel est le coût du succès ?

« Seule la victoire est belle. » « Qu'importe les efforts s'ils sont couronnés de succès. » « C'est dur, mais ça en vaut la peine. » Dans le monde de l'entreprise, les petites phrases qui témoignent de notre représentation de la réussite ne manquent pas. Le succès est un aboutissement tellement gratifiant qu'il conduit à gommer ce qu'il a coûté.

Et pourtant, il coûte. Des efforts, bien sûr, et presque toujours des sacrifices. A quoi a-t-il fallu renoncer pour atteindre ce sommet ? Question inabordable dans l'euphorie du succès. La prise de conscience, lorsqu'elle se fait, ne vient que bien longtemps après.

Le succès, avec tout ce qu'il véhicule, peut comporter un piège. Un piège tant social que professionnel peut se refermer sur l'élu. Ce dernier a réussi, il a appris, on attend beaucoup de lui, il peut faire mieux, il ne doit pas décevoir...

Ainsi s'enclenche la course en avant des responsabilités et de la rémunération. Ces attributs de la réussite apparaissent à la plupart comme enviables pour ceux qui ne les ont pas et gratifiants pour ceux qui les ont. L'entreprise s'appuie sur ce ressort pour sa gestion des hauts potentiels. On pousse ces talents prometteurs dans l'engrenage en les conduisant implicitement à s'engager de plus en plus dans l'entreprise et en survalorisant leurs succès.

Le risque est de se laisser prendre sans faire de véritable choix et en ayant l'illusion, dans un premier temps, que l'on peut « tout faire et tout réussir ».

Ce n'est que des années plus tard que l'on réalise que le choix s'est fait par défaut. On n'a donc pas décidé, on s'est laissé porter par un modèle valorisant.

Chaque étape flatte et rend évidente la nécessité de s'investir encore plus pour réussir la suivante. Or plus on est engagé dans une voie, plus il est difficile de la remettre en cause.

L'enjeu pour chacun d'entre nous est d'être clair sur nos choix en acceptant que ce soient des choix et, donc, des renoncements. Pour cela une véritable prise de recul est nécessaire pour laquelle chacun d'entre nous a besoin à la fois de temps et d'un interlocuteur. Bonne nouvelle, les vacances arrivent.