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Le saut dans le vide

L’innovation est la solution. Retrouver de la compétitivité internationale, prendre de l’avance sur les concurrents, stimuler l’enthousiasme des équipes, susciter l’intérêt des investisseurs : on en attend tout. Il règne une unanimité sur ce constat. Alors pourquoi n’en faisons-nous pas plus ? C’est que passer de la théorie à la pratique suppose une étape souvent rédhibitoire : la prise de risque. Innover, c’est d’abord laisser les idées fleurir. Plus encore, encourager leur éclosion. Si les idées ne sont pas les leurs et si elles n’entrent pas dans le champ de ce qui était prévu, certains bloquent. Soit parce qu’ils s’inquiètent, soit par susceptibilité vis-à-vis de tout ce qui ne vient pas d’eux. A supposer que la première étape de l’émergence des idées soit franchie, il faut ensuite les mettre en oeuvre. Et là, nouvelle difficulté, il faut changer. Ce changement ne concerne pas seulement les produits, les process de fabrication, les modes de distribution. Ce qu’il faut changer, c’est la façon de travailler et bien souvent les comportements et les relations de travail. C’est-à-dire accepter de faire évoluer ce qui a montré son efficacité dans le passé. Autrement dit, renoncer à ce que l’on connaît et maîtrise bien et qui a fait ses preuves pour l’inconnu. Pour beaucoup, cela semble un saut dans le vide. Ils sont prêts à tout pour l’éviter. Dès lors, tous les prétextes sont bons pour ne pas innover. Développer l’innovation suppose de mieux connaître sa relation au risque. Pour cela, le dirigeant doit cultiver pour lui et ses équipes une estime de soi qui rassure, une confiance mutuelle qui autorise à s’exposer et un goût pour la nouveauté qui se nourrit du plaisir de l’inconnu.