Le management rend-il pessimiste ?

Un récent sondage aurait montré que les Français étaient le peuple le plus pessimiste du monde. Si tel est le cas pour les salariés français, c'est sans doute inquiétant. En effet, le pessimisme pourrait avoir comme effet la démotivation et le manque d'énergie des équipes. De quoi alerter les managers. On pourrait considérer que ces derniers n'y sont pour rien. En effet, s'il y a pessimisme, c'est bien que le contexte est noir.

Mais est-ce si sûr ? En quoi l'environnement des Français est-il plus sombre que celui des Irlandais ou des Grecs ? Si le pessimisme peut être déclenché par un contexte morose, il se nourrit d'une double perception : d'une part, le manque de confiance en soi, d'autre part, le sentiment de ne pas pouvoir agir sur le cours des événements.

En quoi le management peut-il provoquer ou entretenir ce double sentiment ? Le manque de confiance en soi peut être mis en relation avec notre système éducatif. Il a souvent été montré que les commentaires des éducateurs français sur la performance de leurs élèves portent davantage sur les défauts et les manques que sur les acquis et les progrès de ces derniers. Il n'est pas impossible que les managers français reproduisent, au moins partiellement, ce mode de fonctionnement par lequel ils sont passés. Or la confiance en soi, également appelée l'estime de soi, repose en grande partie sur la conviction (construite au fil des expériences) de pouvoir compter sur ses aptitudes pour faire face aux situations. A force de dire aux élèves (aux salariés ?) qu'ils ne sont pas à la hauteur des attentes... Qu'en est-il de la capacité à agir sur le cours des événements ? Bien souvent, les managers présentent leurs actions comme contraintes par le contexte : « On n'a pas le choix. » Il n'y a plus de décision, mais des actions dictées parles circonstances. Cette posture est la négation même du rôle managérial, qui repose en grande partie sur la capacité à trouver des marges de manoeuvre dans un environnement contraignant. Le manager ne changera pas les contraintes mais il a toujours de l'espace pour en réguler les répercussions sur son équipe. C'est donc peut-être par le management que l'optimisme reviendra en France.