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La simplification, c'est compliqué

Certains s'en souviennent peut- être. La grande annonce d'une interview du président qui date d'à peine quelques semaines, était le « choc de simplification ». La formule est belle et prometteuse. Mais elle semble, pour l'instant, limitée à quelques mesures allégeant les PME de certaines contraintes administratives. On attend toujours le « choc ». Il se pourrait qu'on l'attende longtemps, car simplifier c'est supprimer des règles et c'est donc libérer. Et, par là même, prendre le risque de dérapage de certains.

Le sujet est connu en entreprise. Faut-il pour se préserver du risque de vol ou d'abus de quelques-uns, imposer à tous des contrôles coûteux qui alourdissent la vie quotidienne ? Plus l'entreprise est grosse, plus la tentation de l'uniformisation et de la maîtrise de l'ensemble des ramifications a conduit à accumuler les règles. Comme l'Etat, elle a souvent réagi aux événements par de nouveaux « process ». Le système s'est compliqué par strates pour introduire de la norme identique pour tous et de la contrainte. Lorsqu'il s'agit de simplifier, la véritable question est celle du niveau de risque que l'on est prêt à assumer. Ou, en l'inversant, celle du niveau de confiance que l'on place dans les acteurs.

La simplicité ? C'est la facilité à agir pour l'acteur de terrain. C'est donc le degré de liberté qu'on lui accorde : un savant mélange entre le niveau de délégation, la capacité à prendre des initiatives et l'accès aux moyens de mise en oeuvre. Il ne peut y avoir de simplicité que s'il existe un fort sens du collectif. La simplicité existe dans les entreprises qui ont une culture d'entreprise très affirmée et entretenue. Chacun est intégré dans une aventure collective, il s'est approprié les enjeux et se sent responsable. Dès lors, le contrôle est double. Il est dans la tête de chacun des acteurs mais il est aussi dans le regard des autres. Ce sont les collègues, les proches de la vie quotidienne qui, par leur propre comportement, imposent une « norme ».

Simplifier, c'est donc lutter contre l'individualisme. Mais la semaine où il a annoncé son « choc », l'un de ses ministres, en avouant son mensonge, a fait preuve d'individualisme, alors le président a imposé des règles supplémentaires.