expand

Faut-il montrer ses fragilités ?

Dans cet entre-deux-tours, très logiquement, les deux finalistes tentent de nous montrer combien ils conviennent au poste. Lorsqu'on leur pose la question de leurs points faibles, ils font la réponse que les consultants apprennent à ceux qui cherchent du travail : prendre une de ses qualités y accoler un pseudo défaut qui n'en n'est pas vraiment un. Ainsi l'actif se dira un « peu trop impatient », le persévérant « légèrement entêté », etc.

Au-delà de ce contexte particulier de postulant, celui qui est en place doit-il avouer, voire montrer ses fragilités ? Cette perspective provoque immédiatement l'inquiétude de l'intéressé : cela pourrait être utilisé contre lui. Ne vaut-il pas toujours mieux dissimuler ses failles ? Peut-être, mais jusqu'où est-ce possible ? Une fragilité produit de l'émotion à la personne concernée. Il lui faut faire de gros efforts pour la masquer. Et les émotions sont facétieuses, elles peuvent apparaître à tout moment, provoquant rougissement et gêne. Chercher à les dissimuler peut en amplifier l'importance. De plus, le dirigeant est observé et décodé par ses équipes. Ceux qui cherchent à ne rien montrer d'eux sont souvent surpris lors d'exercices « 360° » au cours desquels leurs proches expriment leurs perceptions de façon anonyme et écrite : la plupart de leurs fragilités sont bien identifiées. Lorsque ce n'est pas le cas, il est souvent noté une particularité dont on cherche une interprétation. Ce qui est souvent pire.

Prétendre être parfait est peut-être la plus grande des fragilités. Celle soit de ne pas vouloir se voir tel que l'on est, soit de refuser de se remettre en question et donc de chercher à s'améliorer.

Ce n'est pas pour autant qu'il faut exhiber ses fragilités. Il vaut d'ailleurs mieux en parler. Mais seulement à ses très proches, qui peuvent alors devenir des soutiens dans la perspective de progresser. Ajoutons que cette marque de confiance faite à ceux auxquels on se dévoile contribue à favoriser des relations de qualité.

Enfin, la véritable exemplarité n'est pas de simuler la perfection mais de montrer que l'exercice du pouvoir n'a pas, pour autant, fait perdre l'exigence vis-à-vis de soi-même. La force d'un chef est de montrer en quoi il a changé, et pas le contraire.