De la difficulté à faire comprendre que le monde a changé

Souvent les dirigeants s'agacent que tel ou tel de leurs collaborateurs n'ait pas compris« qu'on a changé de monde ». Cela signifie pour eux que les règles du jeu de l'activité dans laquelle ils se trouvent ne sont plus les mêmes. Pour les uns, c'est l'arrivée de nouveaux concurrents low cost, pour d'autres, c'est une nécessité d'être beaucoup plus réactif et d'anticiper les changements, pour d'autres encore c'est l'exigence d'être plus économes en ressources de toutes sortes. Les dirigeants le martèlent et s'exaspèrent d'avoir l'impression que dans leurs équipes, les vieilles habitudes non seulement demeurent mais, plus encore, la vision du monde reste la même. Chacun fait le gros dos, tient et attend des jours meilleurs (comme certains politiques au pouvoir qui répètent qu'avec le retour de la croissance, tout ira mieux).

Ce qu'aimeraient voir les dirigeants, c'est une vraie rupture dans la façon de comprendre les enjeux mais aussi dans la manière de travailler et de se comporter. En fait, ils se confrontent à des collaborateurs qui gardent en référence le passé, ce qu'ils connaissent et ce qui les maintient dans leur zone de confort. Il faut dire que bien peu perçoivent que le monde change dans le bon sens. Ce qu'on leur promet, c'est plus de contraintes, plus de changements, moins de confort matériel. Et les dirigeants souhaiteraient les voir devenir plus proactifs !

D'un côté, des équipes qui n'ont pas envie de ce monde qui arrive. De l'autre, des dirigeants qui continuent de considérer qu'il leur suffit de dire ce qu'il faut faire pour que cela se passe. Supposons que les dirigeants aient raison sur le monde qui change, alors la question qui se pose est aussi de savoir en quoi il devient nécessaire qu'eux-mêmes changent leur propre façon de manager. Chacun peut certainement retrouver de la stimulation à condition de contribuer tant au diagnostic qu'aux solutions à apporter. Chacun peut faire évoluer sa façon de travailler à condition de comprendre en quoi c'est utile et quel bénéfice il peut en tirer. Chacun peut prendre le risque de changer s'il est accompagné et que le risque qu'on lui fait prendre n'est pas démesuré.

Pour faire comprendre que le monde a changé, il faut commencer par partager et s'interroger sur les conséquences pour soi.