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Comment ne pas tomber dans l'illusion du pouvoir ?

C'est l'histoire d'un dirigeant qui accède enfin au poste auquel il rêvait depuis longtemps. Il s'est donné beaucoup de mal pour y arriver ; cette position, il l'a obtenue de longue lutte. D'ailleurs, il est attendu. Ceux qui l'ont nommé demandent des résultats rapides, ses équipes aimeraient qu'il prenne des décisions sans délai pour avancer sur les sujets. Mais la plus grande pression est celle qu'il se met lui-même. Il faut qu'il montre qu'il est à la hauteur du poste qu'il vient de prendre, qu'il pose son autorité et asseye sa légitimité. En somme, tout le pousse à entrer dans l'action d'emblée. Ce qu'il fait avec un certain plaisir d'ailleurs : lorsqu'il demande, il est obéi. Cela lui procure de grandes satisfactions. A tel point qu'il pourrait finir par croire que ce qu'il dit va arriver. Il lui suffira de décider et les choses se mettront en place. Notons que, pour produire un effet immédiat, il a tranché sur des sujets de court terme et simples à mettre en oeuvre. On peut s'interroger d'ailleurs s'il s'agissait de décisions de son niveau. Ce n'est pas tant sur la gestion du quotidien qu'est attendu le dirigeant. Dans le monde d'aujourd'hui, le vrai sujet réside dans l'adaptation à un environnement changeant. Adaptation stratégique, organisationnelle, managériale et comportementale. Chacun sait que cela demande des efforts aux équipes, qui se montrent rarement enthousiastes à cette perspective. Il ne suffit plus que le chef décide. Il lui faut donner le sens et le faire partager, stimuler l'envie, accompagner, insister, ne jamais lâcher. Tout en dosant les efforts. Plus question d'être dans la toute-puissance du chef qui décrète. C'est évidemment moins facile et pas immédiatement gratifiant. Il y a toujours un doute sur la capacité à y arriver. Il faut prendre le risque de se confronter aux résistances.

Les dirigeants peuvent être tentés de devenir un fournisseur de décisions quotidiennes plutôt que des stratèges du changement. Omniprésents, tout leur remonte et ils semblent indispensables. Ils font ce qu'ils aiment faire sans apporter beaucoup de valeur à leur organisation. Cela se voit parfois à la tête des entreprises. Mais pas seulement, toute position de pouvoir est porteuse d'illusions.