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Comment manager dans une organisation matricielle ?

On le sait, l'entreprise n'est pas à un paradoxe près. En partant d'idées de bon sens on peut arriver à l'inverse du but recherché. La mise en place d'organisations matricielles répond à un vrai problème : casser les silos et les baronnies qu'ils soient territoriaux ou techniques. Désormais, la valeur se crée de plus en plus dans la qualité de la transmission d'information et la capacité à travailler ensemble. Il est donc indispensable de favoriser la fluidité des relations entre des acteurs d'horizons différents. C'est l'objet de ces organisations qui multiplient les points de contact. Mais la bonne idée s'est transformée dans la plupart des cas en usine à gaz. Chacun a non plus un chef mais plusieurs et la complexité de sa vie quotidienne est proportionnelle à leur nombre. La charge de travail augmente elle aussi en fonction du nombre de chefs. Pis encore, c'est le sens, la logique attendue, qui n'est plus la même. Autrement dit, les comportements n'ont pas évolué avec l'organisation. Si les frontières sont tombées, chacun est resté dans ses préoccupations personnelles pour faire avancer ses propres sujets. S'installe un jeu de pressions directes et indirectes entre les acteurs. Le collaborateur en devient le réceptacle impuissant. Manager dans ce type d'organisations commence par faire valider par ses propres chefs que sa performance sera au moins autant jugée sur le bon fonctionnement de ses interfaces avec ses pairs que sur sa production personnelle. Car c'est bien ses pairs qu'il faudra en premier lieu « manager ». Se mettre d'accord sur les priorités à fixer à ses équipes communes. Négocier la répartition du temps. Coordonner les messages. Harmoniser les évaluations. Si l'état d'esprit et des comportements collaboratifs ne sont pas là, les organisations matricielles amplifient les défauts de toutes les autres. Les collaborateurs qui reçoivent des messages contradictoires gèrent, voire entretiennent, un rapport de force entre leurs chefs. Le temps passé aux interfaces est plus celui de la confrontation que celui de la collaboration. Y prospèrent les comportements masqués et manipulatoires. Il n'y a rien de pire que de faire évoluer les organisations sans faire évoluer les hommes qui les habitent.