expand

Comment gérer les échanges dans une organisation matricielle ?

Un modèle organisationnel a mauvaise presse au sein des entreprises : le modèle matriciel. Rappelons qu'il s'agit d'un mode d'organisation qui conduit chaque équipe à avoir plusieurs lignes hiérarchiques. Une équipe marketing sera, par exemple, sous l'autorité du patron du pays où elle exerce mais aussi sous celle du patron du métier global du marketing, voire, parfois, sous celle du responsable marketing d'une région qui regroupe plusieurs pays. C'est dans les filiales que ce type d'organisation est le plus mal vécu. Et pour cause ! Chaque collaborateur peut, à tout moment, recevoir l'injonction de faire quelque chose ou d'appliquer une procédure sans connaître la personne qui la demande. Il n'est pas rare que la requête soit perçue comme absurde ou qu'elle aille à l'encontre des objectifs de terrain. Si celui qui la reçoit résiste, il sera considéré comme ne jouant pas le jeu de l'entreprise ou résistant à sa dynamique. Car l'émetteur se pose avec une autorité centrale. Il devrait faciliter les bonnes pratiques et la diffusion d'une vision stratégique globale. En fait, il trouve souvent sa légitimité dans sa capacité à faire appliquer partout les mêmes règles. Lorsqu'on est soumis à ce système, il est important d'en comprendre les règles. L'une, essentielle, est de ne pas être frontal. Face à une requête absurde ou impossible à satisfaire, la tentation est d'expliquer d'emblée pourquoi ce n'est pas réalisable. Erreur ! Mieux vaut faire mine d'acquiescer tout en demandant toutes les informations disponibles. Quitte à expliquer dans un second temps pourquoi satisfaire la demande n'a pas été possible. Nous avons beaucoup à apprendre des Anglais dans leur capacité à « faire l'édredon » face aux injonctions.

Il est important aussi d'essayer de créer une relation avec l'ensemble des interlocuteurs avec lesquels on travaille. Créer une relation, sortir du formel pour découvrir l'individu derrière une fonction. En allant le voir si c'est possible ou en provoquant des échanges de personne à personne par vidéoconférence. Pour ne pas subir la matrice, il faut l'humaniser. C'est-à-dire sortir de l'anonymat mâtiné de préjugés interculturels. On peut être en désaccord, à condition de se connaître et de se respecter.