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C’est pas facile !

Lors de sa dernière conférence de presse, le président de la République a répété à sept reprises « pas facile », avec, en fin, la variante « c’est dur ». Derrière la récurrence de cette plainte, le président exprime deux choses. D’abord, sa difficulté à remplir sa tâche, dont il n’a pourtant pas pu sous-estimer l’ampleur avant d’y postuler. Ensuite, son souhait d’être, si ce n’est plaint, du moins de susciter une empathie, voire de l’admiration pour sa situation. Chaque manager ressent quotidiennement ce doute face à la complexité de ce qu’il a à réaliser. Comment en parler et quel effet produit sur ses équipes ? Commençons par considérer que, de façon générale, peu de salariés considèrent leur travail facile. Or, au-delà de la fatigue physique, la difficulté à résoudre des problèmes est souhaitable. La facilité conduit aux automatismes qui induisent le plus souvent l’ennui. Une dose de difficulté stimule. Chacun à son niveau la rencontre et sort grandi de sa capacité à la surmonter. Collectivement se crée une culture du goût de l’effort et du plaisir à y faire face. C’est la routine qui est repoussoir. Celui qui se sent submergé par la difficulté de sa tâche est soit monté trop vite, soit trop haut. Dans la première hypothèse, on peut l’aider à se développer de façon accélérée et l’accompagner. Dans la seconde, il est probable que le fameux seuil de Peter est atteint. Lorsqu’il s’agit d’un leader, l’effet sur les équipes est très délétère. Impuissance, résignation, excuse de son manque de résultats ou, pire encore, justifications de ses échecs par les circonstances sont les messages transmis. Toute l’entreprise se met à douter. Et chacun reproduit l’attitude de se plaindre de la difficulté de ce qu’il a à faire. La compétition n’est pas celle de réussir mais de savoir pour qui c’est le plus dur. La façon de faire face à la difficulté est une compétence différenciante pour faire émerger les leaders. D’un côté, ceux qui la considèrent comme normale, utile et stimulante. Ils y voient un défi et toute la raison d’être de leur fonction, ils la recherchent, identifient les sujets où elle se concentre et s’y attellent avec enthousiasme. De l’autre, les dirigeants qui ont recours à l’évitement, la défausse, la plainte. C’est difficile ? Tant mieux !