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Apprendre à être dirigeant

Ainsi l’ancien ministre du Redressement productif a-t-il décidé de se former pour devenir dirigeant dans la perspective de créer une entreprise. Notons l’humilité de celui qui va se lancer et reconnaît qu’il a besoin d’apprendre. Mais c’est une tardive prise de conscience sur le manque de compétences de celui qui, pendant deux ans, en tant que ministre, a fait la leçon à de nombreux chefs d’entreprise en leur expliquant ce qu’ils avaient à faire.

Passage des idées préconçues et des représentations idéalisées du ministre aux réalités pragmatiques de l’entrepreneur ? Reste à s’interroger sur ce qu’il faut apprendre pour devenir dirigeant. Passons sur les savoirs techniques indispensables qui vont de la gestion de la trésorerie à la compréhension intime du coeur de son activité, de la fabrication au commercial. Au-delà de ces indispensables bases, apprendre à être dirigeant repose sur trois axes. Le premier est la vision. Beaucoup d’entreprises limitent leur stratégie à des objectifs chiffrés ou à des formules du type « faire de la croissance rentable ». Sans vision, pas de sens pour les équipes. C’est au dirigeant d’en être garant tant dans son élaboration que dans sa mise en oeuvre. Construire une vision n’est pas facile, cela s’apprend. Le deuxième est l’effet produit sur les autres. Le dirigeant, sans même s’en rendre compte, est en permanence guetté dans ses réactions, ses propos, ses mimiques. Tout ce qu’il émet produit un impact sur ses équipes, souvent bien au-delà de ses intentions. Aussi doit-il apprendre à réfléchir à l’effet qu’il veut produire et à mettre ses comportements en cohérence avec ses objectifs. Le troisième est un questionnement sur sa propre valeur ajoutée. Lorsqu’on observe ce à quoi deux dirigeants qui se succèdent se consacrent, on s’aperçoit que cela peut être assez différent de l’un à l’autre. Diriger est l’une des seules activités dans laquelle chacun choisit – en partie – ce à quoi il consacre son temps. Ce constat entraîne une conséquence majeure : si chaque dirigeant ne prend pas régulièrement du recul sur son utilité, il demeure dans sa zone de confort et reproduit ce qu’il fait habituellement. Apprendre à être dirigeant est un projet de vie. C’est un processus d’amélioration permanente qui suppose de garder cette vigilance sur soi, nourrie de l’envie de faire mieux.