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Aimez-vous assez les ennuis ?

Au rituel : « Comment ça va ? », un dirigeant me répond avec un large sourire que les problèmes qui s'accumulent sont de plus en plus importants et... que ça tombe bien, car il adore ça. Si celui-ci se place en haut de l'échelle « appétence pour les ennuis », c'est loin d'être le positionnement de tous les dirigeants. Certains sont des inquiets, que les problèmes perturbent. Après avoir réagi avec une forte expression émotionnelle à la nouvelle, ils se rongent les sangs tant que la solution n'est pas trouvée. Si ce n'était que les leurs, ce ne serait pas trop grave. De fait, cela retentit toujours sur leurs équipes directes et donne un style à l'ensemble de l'entreprise sur la façon de faire face aux événements. Gérer des problèmes complexes à forts enjeux est l'un des rôles du dirigeant. Autrement dit, plus on est à un niveau élevé, plus une grande part de sa valeur ajoutée est de faire face à des ennuis majeurs.

Malheureusement, les dirigeants sont rarement sélectionnés sur leur goût pour les problèmes ou sur la gestion de leurs émotions dans ces situations. Parmi ceux qui ne sur- réagissent pas, on en trouve certains qui, sous couvert de délégation, se défaussent sur leurs collaborateurs. Autre façon de mal gérer l'émotion en l'évitant. La première difficulté est de mesurer les enjeux de l'événement perturbateur, puis d'accepter une période au cours de laquelle on ne dispose pas de la solution. L'incertitude de cette phase peut être difficile à supporter et conduire à se précipiter vers une solution déjà connue, au risque de ne pas avoir pris la mesure de la spécificité de la situation. Au moment de prendre la décision, l'émotion produite est liée au risque personnel de celui qui l'assume. Il reste, ensuite, à faire accepter aux différentes parties prenantes les conséquences en donnant du sens. Accepter l'événement, utiliser la période d'incertitude pour être créatif, se mettre en risque, gérer les conséquences relationnelles, nécessitent des compétences émotionnelles. Les futurs dirigeants devraient y être entraînés. Gérer de plus en plus d'ennuis tout en gardant sa bonne humeur, curieusement cela ne figure sur aucun des programmes des candidats à la présidentielle.