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La résilience ou la morosité

La réconciliation des dirigeants politiques avec l’entreprise apporte, certes, un peu de baume au coeur des chefs d’entreprise. Pour autant, cela ne les rend pas plus optimistes pour la période à venir. Tous voient les difficultés économiques et essaient d’en anticiper les conséquences pour leur activité. La prudence est de mise et, avec elle, les restrictions de budget. Souvent, l’entreprise envoie un message paradoxal en exigeant de la croissance tout en réduisant les moyens ; le tout enrobé d’un discours général sur le thème du « travailler différemment ». Si ce n’est déjà fait, le risque est de créer une ambiance faite d’inquiétude et de méfiance, qui stérilise les prises d’initiative et dégrade les relations entre les acteurs. Seule façon d’éviter cette spirale négative : développer la résilience de son organisation. Elle se construit d’abord sur la capacité à partager du sens. Il n’est pas question de minimiser les effets du contexte mais, au contraire, de montrer comment on en tient compte. Le sens ne peut pas se limiter aux classiques discours du risque pour la survie de l’entreprise ou de la nécessaire préservation de ses marges. Il doit nécessairement prendre en compte les intérêts de l’ensemble des salariés : vers où va l’entreprise, en quoi chacun y trouve son compte et quelles sont les raisons d’y croire. Au-delà de ce sens général, les périodes de crises supposent de revenir à l’essentiel. Et pour cela, de se limiter à quelques priorités, de renoncer à des projets qui ont été lancés mais qui dispersent. Cette focalisation sur l’action doit permettre de redonner aux acteurs une confiance en eux-mêmes. Outre cette nécessité de donner du sens, la résilience passe par la capacité à agir et celle-ci suppose de croire suffisamment en soi. D’où cette nécessité pour le management de prendre le risque de faire confiance à ses équipes et de leur donner des marges de manoeuvre. C’est en trouvant des solutions aux problèmes que peu à peu les acteurs renforcent l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes, leur énergie à persévérer et leur plaisir à oser. Donner du sens, « prioriser » et laisser de la latitude aux salariés doit constituer la feuille de route de tous les dirigeants qui attendent que leur entité retrouve un sursaut et gagne en flexibilité.