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Transparence

Au cours du mois d’août, le « New York Times » a publié un long article sur le mode de management d’Amazon qui a suscité de fortes réactions de Jeff Bezos. Après avoir interviewé plus de 100 managers, l’article décrit des modes de management empreints pour le moins de brutalité. Les dénégations du patron, ou de certains de ses managers, sur les réseaux sociaux n’y feront rien. Chacun sait bien que ceux qui défendent l’entreprise ont tout intérêt à le faire à visage découvert et que ceux qui la critiquent prendraient de grands risques à se dévoiler. Cet épisode est marquant d’une tendance qui va considérablement s’amplifier dans les années à venir : beaucoup plus de transparence sur ce qui se passe réellement à l’intérieur des entreprises. D’ailleurs, l’outil de cette transparence existe déjà, il s’agit du site Glassdoor qui invite les salariés à donner leurs perceptions sur le management de l’entreprise sans risque d’être sanctionnés. C’est un changement radical qui s’opère. Jusqu’à maintenant, comme dans les familles, ce qui se passait à l’intérieur des entreprises restait en interne, la communication ayant pour rôle de construire une image plus ou moins déformée de la réalité. Demain, le dirigeant tyrannique, le manager autocentré, les pratiques de management déviantes seront connues. Il ne suffira plus de réussir pour être à l’abri de la critique. La façon d’obtenir les résultats sera connue, examinée, comparée et commentée. On peut imaginer que les managers pourraient être notés par leur environnement dans une forme de 360° permanent dont les résultats seraient publics. L’avantage est évident. Il sera de plus en plus difficile de laisser perdurer des pratiques managériales qui peuvent avoir des effets toxiques sur les individus. Mais cette transparence risque aussi de conduire à des fonctionnements très normés comme on les voit dans certaines entreprises anglo-saxonnes. A terme, tout devrait être « managérialement correct ». Plus personne ne dira ce qu’il pense vraiment… Des relations parfaitement policées et totalement hypocrites. Pour se préparer à cette nouvelle donne, à chacun de développer ses compétences comportementales. Elles servent précisément à produire l’effet que l’on souhaite sur les autres, et donc à avoir des interactions efficaces et respectueuses sans être obligé d’être dans le faux-semblant.