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Etre admirable

Les événements récents ont suscité une admiration unanime pour les forces de l’ordre, et plus spécialement pour les unités d’intervention. Cette admiration collective, dans un contexte dramatique, provoque des vocations (multiplication des démarches pour s’engager) et surtout renforce la confiance de toute la population dans la possibilité d’être défendue.

Ressentir de l’admiration pour ceux qui sont censés protéger et guider est fondamental. Au-delà de sa fonction apaisante essentielle, elle est fortement génératrice d’énergie collective. D’un point de vue sociétal, l’inquiétude collective et la morosité constatée ces dernières années ne sont peut-être pas sans lien avec un fort déficit d’admiration des citoyens pour ceux qui les gouvernent.

Qu’en est-il dans l’entreprise ? Elle est à l’image de la société. Souvent ses élites ont renoncé à porter l’admiration de leurs salariés. Les principaux ressorts de l’admiration sont le sens de l’intérêt général, la capacité à éclaircir l’avenir et à donner du sens et, enfin, l’incarnation au quotidien de ce que l’on préconise dans son discours.

La première dimension se voit dans le don de soi et le courage qui se constatent dans la prise de risque personnelle pour l’intérêt général. La deuxième est suscitée par la clarté de la ligne stratégique et par la grande cohérence de toutes ses propres actions dans cette ligne. Enfin, la troisième consiste à s’appliquer à soi-même ce que l’on demande aux autres ; comme par exemple diffuser un élan positif lorsqu’on réclame l’enthousiasme des équipes.

Lorsque les dirigeants n’assument pas d’être admirables, ils se comportent comme un salarié lambda. Ils peuvent, pour autant, cocher toutes les cases de leur fiche de mission. Mais ils le font souvent en se plaignant, en louvoyant et en préservant toujours leur intérêt personnel avant l’intérêt collectif. Ils ne sont donc ni source d’inspiration et d’élan, ni porteur d’une parole qui donne confiance dans l’avenir.

Chacun dans l’entreprise est influencé par l’image qu’il a de ses dirigeants. La seule véritable justification des rémunérations très contestées de certains patrons serait qu’ils suscitent cette admiration dans leurs équipes. Car celui qui assume ce rôle se met dans un niveau d’exigence personnelle de tous les instants. Dans nos périodes troublées, nous avons plus que jamais besoin de dirigeants admirables. Avis aux amateurs !