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Comment se répartit la responsabilité ?

L'attente est presque toujours présente : lorsqu'on interroge les équipes, quel que soit leur niveau hiérarchique, elles considèrent qu'on ne leur porte pas assez d'attention. Ainsi tel groupe de cadres dirigeants trouve que le Comex devrait davantage «  animer leur communauté », telle équipe commerciale voudrait plus de temps de leur manager, etc. De leur côté, les managers ont appris très tôt que le B.A.BA du management est d'être disponible. Porte ouverte, soutien, coaching de ses collaborateurs, sont à la base de tous les manuels. Certaines entreprises ont même institué le «  care » comme principe managérial. Chaque manager a si bien intégré cette dimension que la culpabilité de ne pas s'occuper suffisamment de ses troupes est souvent présente. Celles-ci apprécient qu'on leur prenne le pouls notamment à travers les audits sociaux, qui se sont généralisés. Peu à peu s'installe la représentation qu'il faut rendre ses collaborateurs, sinon heureux, du moins satisfaits, et que c'est au manager que cela incombe. Loin de nous l'idée de contester le premier point ! Mais arrêtons-nous sur le second. Si la satisfaction doit venir du management, c'est que les collaborateurs ne sont pas considérés comme des acteurs, mais comme des individus non responsables. Cette infantilisation renforce encore une tendance très puissante de nos organisations qui consiste à hiérarchiser les relations. En haut, des gens tout puissants, dont on espère tout, et qui sont en permanence débordés ; en bas, des salariés obéissants et en attente que tout leur vienne du haut. Chacun semble à la fois se plaindre de cet état de fait et, en même temps, tout faire pour que cela se perpétue. Au sommet, les managers ne semblent pas prêts à lâcher du lest dans leur tentative de tout contrôler, quitte à être tenus pour responsables. A la base, les salariés peuvent donner l'impression de préférer se plaindre que d'être considérés comme responsables. L'un des enjeux de l'entreprise d'aujourd'hui est de partager la responsabilité entre tous les acteurs. Insuffler l'esprit de coresponsabilité nécessite de partager une finalité commune puis de faire évoluer les comportements. Ainsi tous se sentent porter ensemble et solidairement l'entreprise vers ses objectifs partagés.