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Gestion de la précarité

Le rapport Mettling pose comme constat initial la multiplication de l’emploi hors salariat. De fait, entre l’ubérisation d’un côté et l’économie collaborative de l’autre, chacun pourra être amené à monnayer ses compétences dans des circonstances beaucoup plus larges que la relation à un employeur. Dans ce contexte, les réactions sur la question du statut des fonctionnaires semblent d’un autre temps. Si le sujet est jugé explosif, c’est en raison de la précarité qui lui est liée. Dès que le fameux CDI (voire l’emploi à vie pour la fonction publique) est questionné, un sentiment d’insécurité surgit. C’est bien la preuve que nombreux sont ceux qui sont plus sécurisés par le cadre légal que par leur contribution à l’organisation à laquelle ils appartiennent. C’est là un enjeu majeur du management que d’inverser cette perception. Plus leurs collaborateurs auront le sentiment que leur avenir est mieux garanti par leurs compétences et la façon dont ils les utilisent que par leur contrat de travail, plus ils se montreront adaptables aux changements. Mais alors, pourquoi tant d’acteurs sont-ils tellement attachés à leur statut protecteur que la seule évocation du sujet est considérée comme la transgression d’un tabou ? La réponse est dans l’évaluation. Pour beaucoup d’entre nous, l’évaluation est considérée comme une remise en cause anxiogène et accusatrice. Tout est donc fait pour l’éviter. Or sans elle, il est impossible de savoir dans quelle mesure ses compétences sont utiles, sur quoi il est essentiel de se développer et comment on peut donner envie à son entourage de travailler avec soi. C’est donc une pédagogie de l’évaluation qu’il est essentiel de développer au sein de chaque entreprise, probablement au plan national, et notamment à l’école, pour que la démarche soit perçue comme positive et non plus punitive. Sur le plan managérial, l’enjeu est de faire entrer l’évaluation dans la culture quotidienne. Cela suppose de donner – vraiment – les moyens à la personne évaluée de se développer. Chacun doit la percevoir comme une garantie sur l’avenir sur un chemin permanent de progression. Cela suppose d’en finir avec la remise en cause de la personne évaluée et de considérer comme une évidence que ce qu’elle fait n’est jamais parfait. Le changement sera réel lorsque chacun la réclamera, la considérant indispensable. N’hésitez pas à évaluer cette chronique et à me faire part de vos réflexions !