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Le souhaitable et le faisable – Eric Albert

Le vote massif contre la confiance sollicitée par le gouvernement Bayrou, montre que sa méthode n’était pas la bonne. Pourtant la nécessité de s’attaquer à la dette semble assez incontestable et l’économie de 44 milliards ne parait pas excessive au regard du niveau des déficits. Mais les députés ne l’ont pas jugée acceptable par leurs électeurs. Ce qui est souhaitable n’apparait pas comme faisable. Et le pays est bloqué.

Les choses sont plus simples en entreprise. Une fois les objectifs validés par le chef, l’entreprise s’aligne et se met en ordre de marche pour les atteindre. Pour autant, la question du souhaitable et du faisable est omniprésente. D’abord dans la dialectique entre le siège et le terrain. Par essence, le siège raisonne en souhaitable. Il déborde d’idées, de propositions, voire dans les fonctions régaliennes, d’instructions sur ce que doit faire le terrain. Comme le siège n’est pas une entité mais la somme de nombreuses fonctions, les injonctions se déversent sur les entités opérationnelles dont souvent les réalités sont mal connues. Naturellement, celles-ci, confrontées à la réalité de leur environnement et de leurs contraintes, tentent de faire valoir leur point de vue. Il est souvent perçu comme une résistance par les prescripteurs.

Le dirigeant n’est-il pas celui qui doit rendre faisable ce qui est souhaitable ? Son rôle est d’embarquer ses équipes pour les conduire à s’engager dans une ascension qui leur semblait impossible au départ. Et s’il se cantonnait au faisable, est-ce qu’il ne ferait pas preuve d’un manque d’ambition ?

Tout l’enjeu est de combiner ces deux dimensions. Le souhaitable donne du sens, explique les sous-jacents des actions à mener, porte haut les objectifs qui devraient rendre fiers ceux qui visent à les atteindre. Le faisable ramène à la réalité et à toutes les difficultés de mise en œuvre. Pour les combiner, il est fondamental que les dirigeants aient un contact proche avec le terrain. Ils doivent comprendre comment les acteurs fonctionnent et réagissent pour savoir comment leur parler et les inspirer. C’est ainsi qu’il peut leur donner envie de se dépasser, d’aller au-delà de ce qui les restreint à leur zone de confort.

Pour faire converger un corps social vers le souhaitable, il faut partir de ses représentations pour les faire évoluer et surtout susciter son envie. On peut alors s’appuyer sur un large registre d’émotions positives qui vont de l’enthousiasme à la fierté.Faisa