Trouver la bonne distance avec son travail, un sujet de dialogue en entreprise - Eric Albert - lesechos.fr

Trois ans et demi après le premier confinement, les salariés se tiennent à distance de leur travail.

Cette distance est d'abord physique. Le télétravail ne réduit pas la quantité de travail, mais la présence effective. Cette moindre présence physique est aussi une moindre présence psychique, émotionnelle, affective. Comme si en étant moins physiquement sur place, cela induisait un détachement progressif.

Détachement souhaité par certains salariés qui ne veulent mettre aucune autre implication que la stricte réalisation de leur tâche. Le travail n'est pas un lieu de vie, d'épanouissement ou de réalisation de soi mais une transaction : production en échange d'un salaire.

Les entreprises commencent à en prendre conscience. Et certaines d'entre elles, après l'enthousiasme des débuts sur le télétravail, sont revenues à une position radicale du tout-présentiel. Comme si le modèle à l'ancienne, où tout le monde est sur son lieu de travail en permanence, allait suffire pour réimpliquer les acteurs. Il faut pourtant résoudre le paradoxe d'un mode de vie plus confortable – pour beaucoup qui travaillent de chez eux – mais moins riche et stimulant.

Le bon positionnement

Il n'est plus question de reproduire le fonctionnement des générations précédentes, avec un travail – pour nombre de cadres – qui pouvait être le principal champ de vie investi. À l'opposé, celui d'une partie de la génération montante pour qui le travail n'est qu'une source de revenu, n'est pas non plus satisfaisant. Tant pour l'entreprise, qui a besoin d'implication, que pour les salariés dont le travail perd beaucoup de sa saveur.

Il faut donc trouver la bonne distance. Elle doit notamment permettre au collaborateur de trouver, dans sa présence sur site, du plaisir à travailler avec les autres, de la valorisation pour ce à quoi il contribue, un sentiment d'appartenance à une équipe qui compte sur lui. Cela suppose qu'il soit suffisamment présent et qu'il s'implique. S'impliquer en gardant la distance suffisante pour que le travail et ses préoccupations n'envahissent pas les autres champs de vie.

Cette question de la bonne distance devrait être un sujet de dialogue entre les collaborateurs et leurs managers. Elle doit être affirmée comme étant l'un des sujets du bon positionnement de chacun, car elle est nécessaire tant à leur intégration au sein de l'équipe qu'à leur propre équilibre personnel.

Tout manager doit s'interroger sur sa propre distance avec l'entreprise et intégrer cette question dans ses échanges avec ses équipes. À lui aussi de donner envie aux équipes d'être plus présentes en y trouvant un bénéfice.