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Comment se faire valoir au travail - Eric Albert - lesechos.fr

Dans tout système humain, les jeux d'influence comptent. Ceux situés haut dans la hiérarchie, comme les autres, y sont sensibles.

Un dirigeant exprime son agacement de voir ses idées reprises soit par son boss, soit par un collègue. L'un et l'autre font comme si les idées venaient d'eux et en parlent avec la conviction de celui qui l'a élaborée. C'est agaçant. Mais briller, se mettre en avant, fait partie du jeu implicite qui anime les dirigeants. Il faut ménager ses effets, se mettre en scène.

En vérité, souvent les acteurs du monde de l'entreprise ont peu d'idées. Dès lors, ce qu'ils mettent en avant, c'est la quantité de travail qu'ils ont produite avec leurs équipes. Cela donne des présentations devant le comité ad hoc qui se caractérisent par un nombre astronomique de « slides ». Ce qui a, bien sûr, comme effet d'ennuyer l'auditoire, qui s'empresse de restimuler son attention en se plongeant dans son mobile.

Certains préfèrent se tenir à distance de ces pratiques, considérant que seuls les résultats comptent. Ils refusent de se faire valoir. Ce qu'ils considèrent comme des jeux politiques leur paraît méprisable et vain.

Mais, dans tout système humain, les jeux d'influence comptent. Ceux situés haut dans la hiérarchie, comme les autres, y sont sensibles. Leur opinion sur leurs collaborateurs se forme de façon composite. Et il y a bien des façons de relativiser la seule performance.

La bonne forme, le bon ton

Mais, pour se faire valoir, encore faut-il trouver la bonne forme et le bon ton. Comme toujours, l'inquiet - qui en fait trop pour se rassurer - finit par provoquer l'effet inverse de celui recherché. Pour commencer, il est utile de comprendre ce que valorise principalement la hiérarchie. Si certains sont sensibles à la créativité, d'autres le sont davantage à la fiabilité et ailleurs on prend en compte avant tout le leadership.

Ensuite, il vaut mieux avoir une idée claire de l'opinion qu'a sa hiérarchie sur soi. Comme elle est souvent rétive à faire des « feedbacks » spontanés [retours d'appréciation, NDLR], il faut aller les chercher. Donc inlassablement lui demander de formuler ses appréciations dans différentes circonstances.

Lorsqu'on est directement sous le regard d'un supérieur hiérarchique, le risque est de vouloir plaire à tout prix et d'en devenir terne. Il faut donc veiller à bien cibler son propos par rapport aux attentes, mais avec originalité et courage.

La façon de parler de ses succès et réussites importe également. Car il ne faudrait pas trop se mettre en valeur, soi, aux dépens de l'équipe.

Se faire valoir est certainement utile, car attendre que ses mérites soient reconnus est - pour le moins - aléatoire. C'est d'ailleurs apprécié comme la preuve d'une légitime ambition. Mais il faut trouver une forme appropriée, valorisante sans être agaçante.