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Quelle part du comportemental dans l'évaluation ?

Dans un jugement qui opposait Airbus à la CGT, la cour d'appel de Toulouse a considéré qu'on ne pouvait pas utiliser des critères issus des valeurs de l'entreprise pour évaluer les cadres dans le but de déterminer leur part variable. « On ne peut pas juger une personne à partir de son comportement, mais sur des objectifs de travail », s'est réjoui un délégué syndical central de la CGT. Il s'agit de cadres donc, pour une grande part, des managers. Autrement dit, un syndicat ne souhaite pas que l'on évalue les managers sur leurs comportements. Sur quoi faut-il les évaluer ? Aux résultats quantitatifs, c'est-à-dire à la production de leurs équipes. Ce que défend l'entreprise, c'est qu'il ne suffit pas d'atteindre l'objectif mais que la façon de le faire est aussi importante. Et ce que défend le syndicat, c'est que seul le résultat mesurable quantitativement peut être pris en compte. Ce qui, pour les managers, peut être interprété sur le mode : la fin justifie les moyens. La logique syndicale se comprend : rester dans l'objectif pour ne pas être dans l'arbitraire du subjectif. Mais le résultat va à l'encontre de ce qu'ils veulent défendre. C'est comme s'ils ne faisaient pas la différence entre les managers dont le métier est de « faire faire » et les experts. Pour les premiers leur outil de travail est justement leurs comportements. Ceux-ci sont toujours perçus de façon subjective. La protection des collaborateurs passe par la prise en compte des comportements des managers.

Dans sa grande sagesse, la cour a jugé que des critères insuffisamment précis ou à connotation morale comme le courage ne pouvaient être utilisés. L'entreprise n'est pas légitime pour décider de qui est courageux et qui ne l'est pas (courageux pour les uns, inconscient pour les autres). Elle l'est, en revanche, pour définir des comportements indispensables à son bon fonctionnement mais elle doit s'astreindre à les décrire précisément. Nier la subjectivité, c'est nier l'humanité et la prise en compte du stress qui est subjectif. Ne ramener la performance qu'à du quantitatif, c'est mettre l'individu au niveau de la machine. Il est indispensable de tenir compte des comportements mais de façon précise et rigoureuse.