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Partager le pouvoir, c’est possible

Le pouvoir est souvent masculin. Traditionnellement, il s’exerce seul et volontiers dans le secret. Il s’acquiert dans une lutte qui met en rivalité les acteurs et les pousse à des jeux politiques. Une fois arrivé au sommet, l’intéressé se préoccupe d’abord d’y rester. Pour cela, quelques pratiques de base, éliminer les concurrents potentiels et les contestations, rendre les arbitrages soi-même et prendre les décisions, enfin mettre son organisation sous tension avec l’espoir de délivrer toujours plus de résultats à court terme. Imaginons une entreprise dirigée par trois femmes, toutes trois présidentes sans que l’une n’ait de préséance sur les autres. Imaginons que ce trio différencie bien les arbitrages des décisions. Les premiers sont laissés au terrain qui doit, à travers les échanges entre les parties prenantes, trouver un consensus. Et si l’on n’en trouve pas, c’est que l’on n’a pas assez échangé sur le fond. Les décisions sont prises entre elles ou avec d’autres, mais toujours en privilégiant l’émergence d’un consensus. Imaginons qu’en fonctionnant de façon collégiale, elles donnent un style à l’entreprise. Le collectif prime sur l’individuel, les jeux personnels de pouvoir n’ont pas leur place et ont tendance à exclure ceux qui les pratiquent. Tous sont au service de l’intérêt général de l’entreprise et tous ont leur mot à dire sans être cantonnés à leur domaine de compétence. Les questions ne sont pas censurées, mais au contraire encouragées pour réduire le risque de se tromper. Imaginons qu’elles n’aient pas besoin de mettre la pression à leurs équipes parce que celles-ci sont suffisamment responsabilisées. Une fois les objectifs partagés, chacun suit sa propre performance et reste en permanence connecté au client final. Imaginons que le bien-être soit au coeur de leur politique de ressources humaines avec une vraie attention pour chacun des collaborateurs. Revenons à la réalité pour prendre conscience que ce fonctionnement est celui de l’une de nos belles ETI vendéennes, Sodebo, qui a plus de 2.000 salariés et qui est dans une croissance régulière depuis plus de vingt ans. Le pouvoir au XXIe siècle ne s’exerce plus comme au XXe, il se partage, il est humble, il n’est pas centré sur soi mais attentif aux autres, il donne envie plus qu’il ne contraint. Bref, il est plus féminin que masculin.