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Les bonnes raisons de ne pas faire

En plein débat sur la loi Macron, une éminente dirigeante du Parti socialiste a énuméré toutes les raisons pour lesquelles elle s’y opposait. Loin de nous l’idée d’entrer dans le débat mais la posture vaut la peine de s’y arrêter car elle est fréquente dans la vie quotidienne de l’entreprise. Quel que soit le projet nouveau lancé, il perturbe certains, change les habitudes de la plupart et induit des effets collatéraux. Dès lors, il est logique qu’un débat s’ouvre avec une évaluation de la balance entre les avantages et les inconvénients. Mais, bien souvent, il ne porte pas sur le bon sujet. Chacun, en fonction de son positionnement ou de considérations de jeux de pouvoir, défend une position en faisant miroiter ce qui pourrait advenir. D’un côté, le positif qui va améliorer les choses, et de l’autre, le négatif avec toutes les conséquences de nature à inquiéter. La difficulté vient du fait que la décision est un pari. Personne n’est en mesure de prédire de façon certaine les conséquences du choix. Dès lors, le débat s’égare dans des considérations qui font perdre l’objectif initial. Tel projet qui vise à relancer l’innovation va donner un surcroît de travail ou déstabiliser le management, voire provoquer un rejet. Les arguments sont souvent fondés et font parfois renoncer le décideur. Toute la question alors est de savoir si l’objectif poursuivi par le projet est réellement important. La plupart du temps, ceux qui l’ont combattu ne le partagent pas.

C’est ce que reflètent les renoncements devant la somme des bonnes raisons de ne pas faire : le peu d’importance que l’on accorde au but que le projet est censé atteindre. La bonne façon de poser le débat est de savoir jusqu’où les interlocuteurs partagent l’objectif et quelles concessions et sacrifices ils sont prêts à faire pour l’atteindre. La simple évaluation des avantages et des inconvénients fait généralement pencher du côté des seconds, toujours plus sûrs que les premiers. Elle conduit à l’immobilisme. A force de se centrer sur la façon de faire, on perd la finalité. C’est en revenant sur les buts communs et leur hiérarchie que l’on peut lever « les bonnes raisons de ne pas faire ».