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Discipline personnelle

Depuis un quart d’heure, les neuf participants à la réunion attendent patiemment que leur chef arrive. Ce dernier débarque en courant et, après quelques vagues excuses expliquant qu’il avait quelque chose d’important à terminer, commence à lancer la réunion. Quelques minutes à peine plus tard, son téléphone se met à clignoter, il répond au message. Si, d’un seul coup, il a pu paraître absent, il se révèle pourtant vite présent. Et s’énerve à la suite d’une remarque de l’un de ses collaborateurs. Sa sortie brutale jette un froid dans l’assemblée, plus personne n’ose s’exprimer. Le maître de séance va donc conclure la réunion sans que chacun ne sache vraiment si une décision a été prise, ou pas. Un moment exceptionnel ? Une scène de la vie quotidienne de l’entreprise, plutôt, qui révèle le manque de discipline personnelle dont font preuve nombre de dirigeants. Dans cet exemple, au moins trois types de discipline sont pris en défaut : la ponctualité, la capacité d’attention et le contrôle émotionnel. Dans ses deux sens d’usage commun, la discipline signifie à la fois le respect des règles mais aussi un domaine de connaissances ou de pratiques. Si le retard concerne la règle, l’attention et la gestion des émotions relèvent d’une pratique. C’est en faisant des exercices de prise de recul et en pratiquant d’autres gymnastiques pour développer ses capacités d’attention, comme la méditation notamment, que le dirigeant peut s’améliorer. Cela suppose de consacrer du temps à travailler sur soi et donc de se considérer non pas comme un être abouti mais comme un individu en perpétuel devenir. Cette discipline concerne aussi le sommeil, l’alimentation, la consommation d’alcool, etc. A ce stade, le lecteur se dit probablement que la vie de dirigeant n’est pas drôle ! Quelle erreur ! La discipline offre un cadre qui favorise l’épanouissement, contrairement à l’idée reçue. Le dalaï-lama en est une preuve éclatante. S’imposer une discipline, c’est se donner les moyens de son propre développement et c’est prendre conscience que cela permet de tendre vers l’exemplarité. Tout, chez le dirigeant, est perçu par ses collaborateurs et ses manquements sont autant d’autorisations à faire de même. L’erreur serait de considérer que son pouvoir, son intelligence, ou les deux, le dispensent de cette exemplarité. Par définition, le leader est un symbole. Alors, plutôt que de déplorer le manque d’exemplarité de leurs équipes, les dirigeants peuvent mesurer les immenses progrès qu’il leur reste à accomplir eux-mêmes.