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Décider est l'attribut le plus visible du dirigeant - Eric Albert

Les décisions du dirigeant sont observées et jugées par tout son environnement. Contrairement à la représentation courante, leur expression est très en lien avec ses émotions.

Cela va faire bientôt deux mois que la France est dirigée par un gouvernement démissionnaire. Certes le prétexte des Jeux olympiques (JO) a permis au président de la République de gagner du temps . Mais les JO n'empêchent pas de réfléchir au sujet. Comme dans d'autres occasions, le chef de l'Etat se montre détaché des pressions qui l'exhortent à décider, il prend son temps alors qu'il s'est précipité pour dissoudre l'Assemblée nationale. Tous les dirigeants sont confrontés à ce rapport au temps dans la prise de décision. Certains, sous la pression de leurs équipes, prennent des décisions rapides. Il arrive ainsi qu'un débat émerge lors d'une réunion : tous les regards se tournent vers le dirigeant qui, pour ne pas décevoir, tranche dans le vif. Or dispose-t-il de tous les éléments ? A-t-il pris le temps de réfléchir à froid ? Le risque est qu'il décide plus pour affirmer son autorité qu'en ayant fait un choix structuré. Une autre façon d'affirmer son autorité consiste à ne pas décider et à faire attendre toutes les parties prenantes, comme le fait le président. Cela comporte d'autres risques. Celui de ralentir le fonctionnement et de créer des attentes fortes donc potentiellement décevantes.

Un acte très en lien avec les émotions

Décider est l'attribut le plus visible d'un dirigeant. Ses décisions sont observées et jugées par tout son environnement. Contrairement à la représentation courante, la prise de décision est un acte très en lien avec les émotions. Par exemple, certains sont mal à l'aise face à l'incertitude qui leur provoque un inconfort voire de l'anxiété. Ils auront tendance à décider trop vite pour faire baisser cette émotion désagréable. Quitte à se contredire dans un second temps.

D'autres ont un plaisir évident à utiliser le pouvoir qui leur est octroyé pour trancher le plus souvent possible. Ceux-là, centralisent la décision en empiétant sur les responsabilités de leurs collaborateurs.

Ailleurs, il y a aussi ceux décident sous le coup d'un événement (une dissolution ?).

Une résolution simple de rentrée

Pour bien décider, il faut bien se connaître et savoir identifier les mécanismes émotionnels qui pourraient biaiser ses choix. Parmi ceux-ci figure tout ce qui concerne le rapport au temps. Impatience ou lenteur, qui peut témoigner de l'indécision. Car la peur de se tromper peut conduire à ne pas trancher en minimisant les conséquences des délais.

Se connaître passe par une phase d'auto observation. Il convient, tous les deux ou trois jours, de prendre un quart d'heure pour passer en revue les décisions que l'on a prises et la façon dont le paramètre temps les a influencées. Cela permet de progresser. Et constitue une résolution simple de rentrée.