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Mauvaise foi – Eric Albert

Les réactions du groupe socialiste à la formule du premier ministre du « sentiment de submersion », peuvent paraître démesurées. D’ailleurs, les sondages semblent montrer qu’une grande majorité des Français partage ce sentiment. L’attitude qu’ont adopté les socialistes relève plus d’une posture de principe que d’un échange constructif.

L’entreprise n’échappe pas à la mauvaise foi. On l’appelle rarement comme cela. On a plutôt tendance à essayer de la combattre en insistant sur l’importance de la transparence. En effet, lorsque l’on fait travailler des équipes sur les comportements à faire évoluer, le thème de la transparence émerge presque systématiquement. Personne n’attend réellement que les acteurs soient totalement transparents. En revanche, ce qui est attendu c’est l’absence de dissimulation. L’objectif est que toutes les données soient accessibles afin de partager sur une même base d’informations pour un échange franc.

L’information verticale, vers la hiérarchie est, la plupart du temps, exacte et à peu près complète. En revanche dans les échanges transversaux, les managers ont bien compris l’avantage à ne communiquer que partiellement. Dans un projet commun, ils exagèrent les ressources nécessaires et minimisent leur rentabilité pour obtenir davantage de leurs collègues. Jeu classique des négociations commerciales qui prennent une connotation déplaisante lorsqu’il se joue en interne. Car dès lors, ceux qui devraient se comporter en partenaires qui construisent ensemble dans un intérêt collectif, cherchent avant tout à berner les autres équipes dans leur intérêt propre. Il suffit d’une fois pour que la confiance disparaisse. Dès lors, chacun fonctionne en miroir de l’autre : puisqu’il cache son jeu, il faut faire de même. S’installe une règle du jeu implicite où chacun triche un peu ou est réputé comme tel. Les désaccords ne peuvent pas se résoudre entre protagonistes et montent à l’arbitrage du chef. C’est d’ailleurs un bon indicateur du niveau de mauvaise foi dans une organisation : le nombre de désaccords qui ne peuvent être résolus que par le chef.

Ce phénomène est favorisé lorsque l’évaluation se fait principalement par la performance des entités. La collaboration n’étant valorisée que dans les discours mais pas dans son fonctionnement réel, elle n’existe que par la qualité relationnelle entre les acteurs. Parfois ça marche parce qu’ils s’apprécient d’autres fois non.

La qualité du fonctionnement transversal est cruciale pour toutes les entreprises. Cela suppose que les acteurs soient aussi appréciés sur la confiance que leurs collègues ont en eux et donc que leur performance ne se fasse pas aux dépens des autres.