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En l'absence de ligne directrice…

L'épisode de la taxation du gazole est caractéristique des effets d'un gouvernement sans ligne directrice. Chacun peut légitimement argumenter pour ou contre l'augmentation des taxes selon son point de vue : celui des fabricants automobiles, celui des transporteurs, celui des écologistes, celui des médecins, celui des raffineurs ou celui des contribuables. Et voilà comment un sujet mineur au regard de l'avenir de la France, mais sur lequel tout le monde a un avis, occupe la une des journaux et donc le temps et l'énergie des gouvernants. Il en est de même dans l'entreprise.

Il arrive régulièrement que des sujets mineurs deviennent un objet de conflit entre les acteurs avec nécessairement un arbitrage du chef. Celui-ci, selon son tempérament et son hume

ur du moment, soit louvoie pour retarder une décision dont il sait qu'elle va mécontenter le plus grand nombre, soit tranche sans que les critères de choix ne donnent de sens à l'option choisie. Dès lors, tout sujet a vocation à se transformer en conflit. C'est une façon pour les acteurs de se positionner dans le rapport de force et de montrer aux autres leur poids.

Le dirigeant, embolisé par le nombre de demandes d'arbitrage, voit tout son temps grignoté par cette activité. Activité qui devient indispensable pour éviter que la machine ne se bloque. En fait, derrière cette multiplicité de décisions apparentes se dissimule l'incapacité à en prendre au bon niveau.

Le choix des dirigeants doit porter sur les priorités et les finalités. En choisissant, ils renoncent et donc prennent le risque de se tromper sur des grandes options stratégiques. Dès lors, la mise en oeuvre est plus simple. La question n'est plus de s'interroger sur l'importance d'un point de vue par rapport à un autre mais de vérifier que les moyens correspondent au mieux à l'intention. Plus le dirigeant s'engage dans la définition de lignes directrices, plus il peut déléguer et rester concentré sur l'essentiel. Cela l'oblige à prendre de la distance avec les questions quotidiennes et à assumer l'orientation qu'il donne.

Si tous ne le font pas, c'est que la tentation est grande de trancher soi-même les querelles de clocher en favorisant les phénomènes de cour et en prenant des décisions dénuées de risque.