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Générosité – Eric Albert

Bill Gates a annoncé qu’il allait donner 200 milliards de dollars d’ici la fin 2045. Il prend le contrepied de Musk qu’il vilipende pour avoir coupé l’aide américaine aux pays pauvres par l’intermédiaire du Doge. Et il déclare vouloir donner quasiment toute sa fortune avant sa mort.

La générosité de cette figure du capitalisme américain invite à s’interroger sur celle des dirigeants de façon générale. Passons sur leur générosité financière, qu’elle soit individuelle ou d’entreprise, à travers différentes formes de don. Centrons-nous sur la générosité de leur personne vis-à-vis de leur entourage.

Récemment lors d’une réunion tripartite du coaching d’un membre d’un Comex, son chef lui donnait comme l’un des objectifs de développer sa générosité. Ce qui était demandé c’est, notamment, une disponibilité et du temps consacré aux autres. Le sens de l’efficacité peut conduire à faire en sorte que tout son temps soit consacré à la réalisation d’actions concrètes. Il faut pouvoir en constater l’utilité immédiate. Et comme le temps est le bien le plus précieux d’un dirigeant, cette logique d’efficacité qui optimise parait évidente.

La générosité est nécessaire pour aider, transmettre, supporter, faciliter, contribuer, élaborer et bien d’autres choses encore. Elle est l’huile dans les rouages des relations. Elle est un ingrédient essentiel de la confiance entre les acteurs. Sa présence perçue chez le dirigeant donne une coloration relationnelle à l’entreprise. Chacun se centre sur soi et son intérêt propre, ou donne aux autres de l’attention et du temps.

La collaboration est une préoccupation pour toutes les entreprises. Transmettre la bonne information à ses parties prenantes, trouver des compromis sur les sujets de frictions, s’aider mutuellement dans les moments difficiles, tout cela nécessite une certaine ouverture aux autres des acteurs et une forme de générosité. Autrement dit, l’intérêt collectif passe par un état d’esprit qui repose sur un certain don de soi.

La culture de la performance individuelle et de l’héroïsation des dirigeants très individualistes et utilitaristes, encouragent les acteurs à se centrer sur eux-mêmes. Ils maintiennent les apparences de bonnes relations mais uniquement pour faire semblant d’être collaboratif. La difficulté à faire revenir en présentiel en est un symptôme. Chacun préfère produire de chez lui sans rien donner de plus.

Il n’est pas question d’évaluer la générosité de chacun mais, par l’exemple, de diffuser une culture qui, à travers la générosité, favorise le collectif. Chacun y trouvera plus de plaisir et l’entreprise gagnera en performance.