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L’habitude nous joue des tours - Eric Albert

Comme cela nous arrive à tous, j’ai dû changer mon mot de passe pour entrer dans mon ordinateur. Plusieurs jours après, je me surprenais à continuer à faire l’ancien. Plus ma charge mentale était forte plus l’automatisme ancien s’enclenchait sans même que j’y pense. Ce n’est que devant le message d’erreur que je me reprenais pour revenir à la bonne combinaison. Cette expérience banale renvoie à la force de l’habitude qui est l’un des principaux freins au changement. Et principalement en ce qui concerne le changement comportemental.

Grâce au feedback de son entourage ou au recul que l’on prend sur soi, on peut facilement être convaincu de la nécessité de faire évoluer l’un de nos comportements. Mieux écouter, réguler ses émotions, oser exprimer son avis, chacun trouve facilement un sujet d’amélioration. Mais quelques mois plus tard, les habitudes sont toujours là. Il est alors facile de s’auto-convaincre que ce n’est pas si grave et de trouver des justifications pour rester comme on est. Dommage, car sans ces petits changements qui nous permettent de nous améliorer, nous stagnons au risque de devenir des caricatures de nous-mêmes.

Bien souvent ce qui nous a manqué c’est le rappel du message d’erreur à chaque fois que nous avons persévéré dans les pratiques anciennes. D’autant que pris dans la multitude des contraintes quotidiennes, il y a bien d’autres choses à penser qu’à changer.

Pour ne pas laisser l’habitude nous empêcher de progresser, quelques règles simples. D’abord choisir un comportement dont on voit clairement le bénéfice à le faire évoluer. Ensuite s’appuyer sur son entourage en annonçant son intention de changer et en lui demandant de nous le rappeler et de nous encourager dès qu’il commence à en voir les effets. Enfin, programmer dans son agenda des points quotidiens d’un quart d’heure au cours desquels on réfléchit à l’avance aux moments où l’on va pouvoir mettre en œuvre le nouveau comportement et on note comment on l’a pratiqué la veille.

S’il est généralement admis qu’il faut entretenir son corps, c’est-à-dire à la fois le muscler et l’assouplir, l’exigence de chacun sur ses comportements est moindre. L’un et les autres « vieillissent » pourtant de la même manière. Sans entretien ils se rigidifient, se rétractent et font perdre le large registre indispensable pour faire face aux situations variées auxquelles on est confronté.

Restons vigilant, la routine soporifique de l’habitude nous joue des tours.