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Quelles conséquences au défaut d'exemplarité ?

Deux actualités incitent à questionner la nature de la relation au travail. D'un côté, le laboratoire Pfizer a annoncé qu'il réduirait ses investissements dans la recherche de 20 %, fermant un centre de 2.400 personnes pour racheter ses propres actions. De l'autre, les grèves à répétition des dockers marseillais qui veulent négocier de nouveaux avantages alors qu'ils ne travaillent que 16 heures par semaine pour 4.500 euros de salaire. Ces deux informations montrent comment le système autorise un petit nombre d'individus à sacrifier l'entreprise sur l'autel de leur propre intérêt. On est habitué à voir des dirigeants prêts à tout pour plaire à leurs actionnaires afin de rester en poste et de voir leur rémunération grimper. Chacun semble prêt à tirer parti du système à son profit, quelles qu'en soient les conséquences. Ce rapport à l'entreprise va à l'encontre d'une prise de conscience visant à préserver un environnement global qui conduit chacun à faire des efforts (tri des déchets, consommation d'eau...) sans autre retour que le bien collectif. L'entreprise, qui a besoin de fédérer les énergies dans un fonctionnement collectif, suscite la méfiance, les excès individualistes des uns justifiant parfois ceux des autres. Certes, les politiques peuvent instaurer des règles pour limiter ces dérives, comme une taxation dissuasive des rachats d'action. Mais les vraies solutions viendront de l'intérieur.

Pas d'angélisme : on sait que l'entreprise est un produit marchand dont le destin reste, en partie, aux mains des actionnaires. Tous perçoivent donc qu'ils ne doivent pas trop donner au risque de se sentir abusés. Pour autant, la différence se fait sur l'exemplarité des dirigeants. Lorsqu'ils prouvent par leurs actions que l'intérêt de l'entreprise prime sur le leur propre, un autre ton est donné. Et une légitimité est acquise pour combattre ceux qui veulent, de façon corporatiste, défendre des avantages particuliers qui menacent l'économie d'une région. Tant que les salariés se disent que les dockers miment, à leur manière, certains dirigeants motivés par leurs intérêts, la dynamique collective butera sur la méfiance et le repli individualiste aux dépens de la survie de l'entreprise.