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Plan d'économies - Eric Albert

La dégradation de la note de la France est la sanction douce et tardive d’une longue dérive financière. Progressivement le pays s’est habitué à dépenser plus qu’il ne prélève. Sorte de nouvelle normalité en partie justifiée par une succession de crises auxquelles on répond systématiquement par des dépenses non budgétisées. Dans le même temps, un plan d’économies est lancé par le ministère des finances qui répartit l’effort sur l’ensemble des ministères.

L’entreprise n’est, heureusement, pas aussi mal gérée que l’état, pour autant, elle n’échappe pas aux plans d’économies décidés au plus haut niveau. Chaque entité est sommée de réduire ses coûts. Dans la précipitation on coupe toutes les dépenses qui n’affectent pas directement l’activité. En première ligne, la formation, tout ce qui a trait à la convivialité et aux célébrations, certains investissements, les déplacements, etc. L’enjeu est de tenir les objectifs à court terme tout en dépensant moins. C’est donc tout ce qui concerne le moyen terme et les actifs invisibles que sont la bonne ambiance, la qualité relationnelle, la qualité de vie au travail, qui sont sacrifiés.

La caractéristique de ces plans d’économies c’est qu’ils reposent sur ce que les systémiciens appellent un changement de type 1. C’est-à-dire on fait un peu plus ou un peu moins de la même chose. Ce qui est clairement demandé c’est : ne changez rien, dépensez juste moins. Ce type de changement trouve très vite sa limite. L’autre modalité de changement, de type 2, consiste à faire différemment. À remettre en cause la façon de procéder, à revisiter les objectifs, à rehiérarchiser sans être seulement dans une résolution des sujets dans l’urgence qui consiste à serrer un peu plus les boulons.

Les CEO qui se contentent de mettre un chiffre comme objectif de baisse en laissant les entités se répartir les économies se défaussent de leurs responsabilités. Les plans d’économies doivent être l’occasion de se questionner sur comment faire différemment mais aussi de rehiérarchiser. Et dans cette hiérarchie, il est indispensable d’avoir une vision stratégique et pas seulement une résolution de problèmes rapide en raisonnant au plus simple.

Un plan d’économie est un acte stratégique qui doit reposer sur une vision holistique de l’entreprise. Il ne s’agit pas de se contenter de couper les lignes qui ont le moins d’effets à court terme. Les dirigeants doivent définir de nouvelles lignes directrices qui prend en compte les conséquences des coupes dans leur stratégie. Ne jamais perdre le sens, surtout dans les moments difficiles.