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Faire des efforts - Eric Albert

Les organisations syndicales qui font feu de tout bois à la perspective des JO, justifient leurs revendications par l’effort supplémentaire qui sera demandé à certains salariés pour en assurer le bon déroulement. De fait, en période exceptionnelle, quel que soit l’ajustement prévu en effectifs, il y a souvent un effort supplémentaire à fournir. Au-delà même de ces moments particuliers, rares sont les métiers où le coup de pouce de plus n’est pas nécessaire pour assurer une production ou un service lorsque la demande augmente.

Toute la question est de savoir, si cet effort fait partie du cadre acceptable du contrat de travail. Et c’est bien difficile à évaluer car l’effort est un concept très subjectif. Autant le temps de travail est mesurable, autant l’effort ne s’évalue pas par une grille objective. D’ailleurs dans l’entreprise c’est l’un des sujets qui induit le plus d’inégalités. Chacun a un rapport à l’effort qui lui est propre. Ainsi certains travaillent peu mais se plaignent d’être surchargés, quand d’autres en font beaucoup plus sans que cela semble leur poser problème.

Cette inégalité conduit à souvent demander aux mêmes de prendre le dossier supplémentaire ou de traiter des sujets sensibles. Bons soldats et ayant le sens du dépassement, ils acceptent quittes à se mettre en surcharge. D’un tempérament à ne pas se plaindre, ils font face en toutes circonstances. Vient un moment où la différence entre pairs devient criante. Le risque est que le management s’en accommode. Il laisse se perpétuer un système à deux vitesses où certains en font plus que les autres. Les managers préfèrent s’appuyer sur une complicité avec ceux qui en font beaucoup que d’essayer de demander des efforts à ceux qui se laissent vivre.

Lorsque la répartition de l’effort est un sujet implicite que chacun évite soigneusement, les effets sur l’ambiance sont toujours délétères. C’est pourquoi, il doit être abordé frontalement comme l’une des attentes vis-à-vis de chacun. Certaines entreprises inscrivent le goût de l’effort dans les valeurs. Elles considèrent qu’il est difficile de faire confiance à un membre de l’équipe s’il n’en est pas pourvu. Cela a au moins le mérite de poser le sujet.

Partager la même représentation de l’effort est un élément clé de la cohésion d’une équipe. Mais certains préfèrent éviter le sujet, silence qui s’abrite derrière des prétextes comme : ne pas inquiéter les acteurs. C’est une erreur il n’y a pas de succès sans efforts.