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L’irritation ou la rigueur ?

« Ce n’est pas faute de leur avoir dit ! Encore la semaine dernière je me suis encore énervé sur le sujet ! »

Le dirigeant qui s’exprime est convaincu d’avoir montré à ses collaborateurs son insatisfaction et, par là même, son exigence. Dans le cas présent, les collaborateurs ont compris qu’il valait mieux ne pas trop énerver leur chef. Ils ont identifié ce qui déclenchait ses colères et se préoccupent de les éviter. L’enjeu est que « tout se passe bien », ce qui signifie, en clair, de ne pas provoquer d’émotions négatives. Pour cela, ils anticipent ses réactions, lui disent ce qu’ils supposent qu’il veut entendre, voire, pour les plus habiles, deviennent véritablement manipulateurs.

De son côté, le dirigeant croit avoir mis ses équipes sous pression. Cet empressement lui semble de bon augure et l’effet de son management rigoureux : heureusement qu’il est là, sinon le relâchement serait immédiat. Douce illusion ! Ce « management par l’irritation » produit certes des effets et met les équipes sous tension mais il ne peut être qualifié de rigoureux. Pour l’être, le manager doit comprendre ses collaborateurs, et donc explorer deux questions : pourquoi ses équipes n’ont pas le même niveau d’exigence que lui et qu’est-ce qui les conduit à faire des erreurs de raisonnement ou d’exécution.

La rigueur repose sur une exploration méthodique du mode de fonctionnement de ses collaborateurs qui nécessite, par moments, d’entrer dans les détails. Elle se fait dans un esprit collaboratif. Les acteurs savent que l’objectif n’est jamais de coincer l’un ou l’autre mais de l’aider à faire mieux, à être plus efficace. Reste à assurer un suivi des mises en oeuvre et à faire réfléchir à la résolution des problèmes rencontrés. Cadrage, précision et persévérance sont indispensables.

La rigueur managériale porte, d’une part, sur le collaborateur vis-à-vis de ses résultats et, d’autre part, sur le manager à travers le type d’aide qu’il lui apporte pour progresser. Elle concerne donc la technicité du collaborateur et les comportements du manager. L’irritation n’est que du laisser-aller quand la rigueur est à la base d’une relation de confiance.