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L’autoritarisme des faibles

Le président a surpris en imposant la nouvelle carte des régions. On ne peut que se réjouir de la réduction de leur nombre et de la simplification du fonctionnement régional. Reste que la méthode laisse sceptique sur ses chances d’aboutir. En imposant brutalement sans logique apparente un redécoupage qui risque de créer plus de réticences que d’adhésions, on rend la mise en oeuvre laborieuse.

Ce mode de fonctionnement qui consiste à attendre longtemps avant de trancher puis à prendre une décision de façon autoritaire sans la justifier est caractéristique de certains dirigeants.

N’aimant pas les conflits, ne voulant froisser personne, cherchant avant tout à ménager les susceptibilités, ils reportent les décisions et naviguent. Ce n’est qu’acculé qu’ils tranchent et le font alors de la façon la plus brutale sans se justifier, car ce sont toujours des considérations de personnes qui dominent l’intérêt général.

Etre dirigeant suppose de se confronter à la déception de ses proches en prenant des décisions que l’on pense utiles. Il faut pouvoir les leur annoncer et résister à leurs pressions. C’est pourquoi le cadre des relations ne doit pas être trop affectif ou du moins la capacité à dépasser les considérations affectives est essentielle. Ce qui compte n’est pas ce que pensent les uns et les autres des décisions, mais le rationnel qui conduit à la prendre. Le dirigeant assume, s’explique, va au bout du débat et tient sa ligne. Car faire accepter ensuite au plus grand nombre les conséquences de ces décisions nécessite un fort leadership. Celui-ci est indissociable de convictions répétées et argumentées. Cette capacité à porter un projet à travers sa logique sans y faire entrer de considérations de personnes est l’une des caractéristiques essentielle qui permet d’identifier les leaders. Lorsqu’ils ont de l’autorité, non seulement ils ne craignent pas la contradiction mais ils la recherchent. Ils savent que prendre des décisions sans entendre ceux qui sont réticents ou opposés peut conduire à l’erreur. Le débat est donc favorisé et organisé. Chacun est poussé dans ses retranchements et l’arbitrage final peut expliciter ce qu’il a retenu des positions divergentes.