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Le « risque » facteur humain

La catastrophe aérienne de Germanwings laisse une forte impression de malaise. Alors que les consignes de sécurité ont été renforcées et, notamment, l’isolement des pilotes par une porte blindée, voilà que c’est le pilote, lui-même, qui devient le premier facteur de risque. Si ce cas est extrême et exceptionnel, reste que presque toutes les catastrophes récentes sont liées au facteur humain. Cette situation conduit à s’interroger sur le mode de contrôle que l’on décide de faire peser sur l’humain. La tendance naturelle est à en faire de plus en plus, ce qui réduit le risque sans le supprimer. L’individu devient un paramètre, un facteur de risque comme un autre. Il est évalué avec une série de critères qui nourrissent l’arbre de décision. Mais l’individu n’est pas un paramètre comme un autre et s’il est évalué, il tentera de jouer sur les résultats en fonction de ses souhaits. Nul doute que le pilote en question, connaissant les tests, aurait tout fait pour les contourner ; certains pensent que son geste serait lié au fait qu’il craignait son prochain contrôle. Dans l’entreprise aussi, le facteur humain est au coeur. Qu’il s’agisse de sécurité, de prise de décision, de mode de leadership, de relations transversales ou simplement d’impact sur les équipes, tout repose sur les individus. La tentation de certains RH peut être de se « couvrir ». En multipliant les tests de toutes sortes, en classant les individus dans des cases et en les gérant en fonction de ces paramètres, ils se bercent de l’illusion de la sécurité et du devoir accompli. En fait, cette approche est dangereuse car elle est fondamentalement déresponsabilisante. Considérer l’individu comme un risque, en fonction de son histoire et de certaines caractéristiques, le conduit à se comporter comme tel. La responsabilisation des acteurs est exactement à l’inverse de cette démarche. On ne décrète pas l’individu responsable mais on favorise son cheminement et son questionnement sur ce qu’est sa responsabilité. Responsable de quoi ? Comment s’y préparer ? Quelle est l’attitude responsable dans une situation donnée ? Ces questions doivent être discutées entre pairs et mises en perspective par des philosophes et des personnes d’expérience. C’est par la prise de conscience des acteurs, leur recul et leur réflexion que la responsabilité progresse et que le risque diminue.