expand

Peut-on gérer ses priorités ?

Le bilan que le président de la République commence à faire de son quinquennat, conduit à s'interroger sur la façon dont il a géré ses priorités (qui auraient dû être aussi un peu les nôtres). Eternel sujet jamais résolu pour chaque manager, pour lequel il n'existe évidemment pas de méthode universelle. Ce qui n'empêche pas de chercher à s'améliorer.

Si les données de l'équation sont connues, sa résolution n'en est pas plus simple. On peut les résumer ainsi : nous avons tous des priorités de moyen terme qui « embolisent » à l'avance notre agenda. Viennent se greffer de nouvelles priorités qui se déversent au rythme des événements et des sollicitations. Nous commençons par accumuler. Puis, chacun à sa manière, soit sans même se le formuler, soit en exprimant son exaspération, laisse de côté ce qu'il peut en privilégiant souvent le court terme. Reste la perception d'être sous une pression permanente et parfois celle de la culpabilité de ne pas avoir tout fait.

L'idéal serait de limiter ses priorités courantes pour laisser de l'espace à ce qui arrive au fil de l'eau. En réalité, c'est difficile à mettre en oeuvre. On voit plutôt d'un côté ceux qui ne gèrent plus que les urgences, de l'autre ceux qui n'arrivent jamais à s'alléger des contraintes courantes. La gestion des priorités suppose de faire face à l'imprévisible et d'accepter de renoncer. Autrement dit, deux des situations que l'on redoute le plus dans l'entreprise et le monde économique en général. Elles produisent des émotions, des tensions entre les acteurs et une agitation de nature à faire perdre le sens. La frénésie d'action, aussi épuisante soit-elle, a pour fonction d'atténuer les émotions : le fait d'agir calme.

Le risque est de perdre ses buts en cours. Donc de ne plus savoir « prioriser », car cela consisterait justement à choisir les actions en fonction d'un but. D'autant que, avec les événements, les buts se multiplient. Quel est celui que l'on poursuit ? Probablement est-ce là l'enjeu essentiel de ses priorités : revenir aux finalités de l'action et les partager avec ses proches. S'arrêter, se faire challenger, choisir à plusieurs. Les priorités, parce qu'elles changent, se décident en équipe et se communiquent au plus grand nombre.