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Quel ressort pour motiver les équipes ?

Récemment, la presse a raconté comment la structure d'une enzyme du virus du sida que les équipes de recherche essayaient d'identifier depuis plus de dix ans avait été découverte en trois semaines par des internautes collaborant via un « serious game ». Au-delà de l'efficacité nouvelle qu'apportent ces modes de collaboration, dits « open source », on peut s'interroger sur ce qui pousse des internautes à y participer. Ils ne peuvent espérer ni une reconnaissance, ni une quelconque rémunération.

Leur motivation est autre. C'est ce qu'on appelle la motivation intrinsèque. Elle repose sur des ressorts internes à l'individu et le conduit à s'engager en dehors de toute contrainte. La motivation intrinsèque se nourrit de l'envie et du plaisir à faire, et non pas de l'espérance de ce qui peut être obtenu par le résultat de l'action. C'est le mode de fonctionnement de la génération Y dans son usage des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. On participe en fonction de son humeur, sans aucune obligation. Chacun est libre, les règles sont minimales et ça fonctionne. Ca vit et, dans certains cas, ça produit.

Le monde de l'entreprise est exactement l'inverse de ce modèle. Tout n'y est que contraintes, règles, pressions, résultats mesurés et sanctionnés. Le management s'appuie presque exclusivement sur les ressorts extrinsèques (éviter la punition ou obtenir la récompense). D'ailleurs, le manager qui ne dispose d'aucune ressource pour récompenser financièrement les meilleurs dira volontiers qu'il n'a pas de moyen de motivation. Il est probable que chaque collaborateur a un potentiel motivationnel extrinsèque et intrinsèque. Si le premier passe par un cadre, le second nécessite de donner de la liberté. Tant dans la gestion du temps que dans le choix de l'investissement. Cela suppose de prendre le risque de ne pas avoir de résultat et de travailler sans calendrier.

En somme, la motivation intrinsèque des équipes est une mine que l'on explore sans être sûr de ce qu'elle donnera. L'entreprise ne peut évidemment pas se construire que sur ce modèle mais elle gagnerait à ne pas l'oublier. Outre la créativité, elle réintroduirait une dose de plaisir. Pas tout à fait inutile par les temps qui courent.