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Nous allons ensemble, travailler, travailler, travailler - Eric Albert

Le soir de l’élection européenne, l’appel de Raphaël Glucksmann à ne pas faire la fête, malgré son score honorable mais à travailler, a détonné vis-à-vis des autres discours. C’est d’autant plus remarquable que le travail n’est pas particulièrement populaire et que la facilité consiste à se congratuler et à célébrer plutôt qu’à encourager l’effort. Appel vain, puisque ses alliés se sont empressés de faire un accord électoral à la va vite au contenu plus négocié que travaillé. Le choix de la facilité.

La valeur travail n’est pas en vogue. Il semble que cette expérience du premier confinement où les acteurs ont été payés à ne rien faire a laissé des traces. De plus en plus les salariés, s’ils consentent à travailler, montrent moins d’enthousiasme à venir dans l’entreprise et dosent leur contribution.

Pour restaurer cette valeur, trois pistes pourraient être explorées. D’abord s’appuyer sur ceux qui sont admirés des jeunes, de Taylor Swift à Mbappé en passant par tous les futurs lauréats des JO. Aucun d’entre eux n’a réussi sans beaucoup travailler et ça a payé. Ensuite dissocier ce mythe de l’origine du mot avec le tripalium instrument de torture. En insistant sur cette origine, d’ailleurs de plus en plus contestée, on l’associe à la douleur et à la pénibilité. Alors qu’il permet souvent de s’épanouir, de se développer, de se sentir utile et de s’intégrer dans une communauté. Enfin de veiller à ce que les salariés trouvent des satisfactions dans leur activité. Incontestablement le travail comporte une part de contraintes et aucun travail n’est un chemin de roses. Pour autant, bien rares sont les professions où les acteurs ne trouvent aucun plaisir. Encore faut-il les inviter à l’identifier, leur faire formuler mais aussi valoriser ce plaisir et faire en sorte qu’il puisse se développer. Le management doit intégrer ce nouveau rôle. Pour obtenir le meilleur de ses collaborateurs, il faut leur donner envie. Pour stimuler cette envie, il est nécessaire de mettre en avant la dimension épanouissante du travail. Le plaisir passe aussi par la qualité du jeu relationnel et de l’ambiance. Cela suppose de ne pas laisser s’installer de conflits durables mais au contraire de stimuler le soutien mutuel. Enfin, il faut personnaliser les postes de travail, en ajustant au plus près les périmètres de chacun en lien avec ses talents. Cultiver la valeur travail est l’un des nouveaux rôles des dirigeants et de leurs équipes managériales. C’est en y donnant goût au quotidien qu’elle se développera.