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L’intelligence relationnelle – Eric Albert

La tension sur les tarifs entre les USA et la Chine se manifeste par une riposte systématique de chacun des camps. Chaque réaction de l’autre partie provoque une surréaction inflationniste. La question est savoir qui cèdera le premier. L’enjeu ne porte plus sur les taxes elles-mêmes, qui ne sont qu’un prétexte, mais sur la capacité à avoir le dernier mot.

Autrement dit, la question n’est plus de trouver une solution à un désaccord mais à utiliser le désaccord pour nourrir une confrontation. Donc, la dimension émotionnelle prend le dessus sur la dimension rationnelle.

La difficulté de la relation est que ces deux dimensions, émotionnelles et rationnelles, coexistent. Et heureusement ! Sans émotions, les relations perdent tout leur sel et ne sont plus que des transactions. Encore faut-il en être conscient et savoir en tenir compte. C’est la première compétence de ce qu’on peut appeler l’intelligence relationnelle. En sachant que le « body langage » est la forme privilégiée de la transmission émotionnelle. Si notre interlocuteur hausse les épaules et lève les yeux au ciel à l’une de nos remarques, il nous impacte immédiatement. Plus encore que s’il formule un désaccord.

Comme tout ce qui s’appelle les « soft skills » l’intelligence relationnelle s’apprend. Il est utile d’avoir quelques connaissances et de l’entraînement sur le sujet. Par exemple, comprendre que les relations sont soit complémentaires (l’un est en position basse et l’autre en position haute) soit symétriques (basées sur l’égalité des protagonistes). L’un des risques de la position complémentaire si elle est figée (l’un est toujours en haut et l’autre toujours en bas) est l’appauvrissement de l’échange. Celui en position basse n’a plus envie de communiquer avec celui qui sait déjà tout et a toujours raison sur tout. Le risque de la symétrie est autre. Si les deux interlocuteurs sont à égalité et chacun refuse à l’autre la position haute, cela peut conduire à la confrontation. C’est ce qui se passe actuellement entre les deux grandes puissances mondiales.

Dans une communication de qualité, l’alternance du positionnement est essentielle. Les protagonistes acceptent que l’un soit en position haute sur certains sujets et réciproquement. Ce qui n’empêche pas parfois d’être en symétrie et d’exprimer ses désaccords sans pour autant se figer dans la confrontation.

La relation est le media qui nous permet d’échanger. Savoir en comprendre les grands principes, l’utiliser à bon escient, la restaurer lorsqu’elle est dégradée, est une compétence de base qu’il faut développer chez tous les managers.