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Qu'est-ce qu'un entrepreneur ?

Dans une tribune parue dans « Les Echos », Najat Vallaud-Belkacem déclare que « la gauche n'est pas l'ennemie des entrepreneurs » mais plus encore : « entreprendre, c'est ce que nous faisons chaque jour ». Ainsi, la ministre laisse entendre une proximité d'activité entre les entrepreneurs et les dirigeants politiques du pays. Cet amalgame rapide mérite d'être examiné de plus près. Quelles sont les spécificités des entrepreneurs ?

Commençons par la création. Seul, à partir de rien, l'entrepreneur lance une entreprise. Il doit tout faire, du juridique au commercial en passant par les RH et le financier. Sans oublier l'essentiel : produire un bien ou un service qui va devoir trouver des clients alors que, par définition, il n'a aucune référence. Ce saut dans le vide n'a pas d'équivalent, en solitude et en risque, dans d'autres vies professionnelles. Le risque demeure d'ailleurs tout au long de sa vie d'entrepreneur. Au fur et à mesure qu'il recrute, c'est un risque qui ne le concerne plus tout seul mais qui l'oblige vis-à-vis de ceux qui l'accompagnent. Ceux-là jouent leur emploi, lui joue aussi son patrimoine.

Passion professionnelle et sacrifice

Responsable au premier chef, il sait que cela dépend de lui, il se consacre sans compter. Des études montrent que les patrons de PME travaillent en moyenne 65 heures par semaine. Presque tous ont connu des échecs au moins partiels et persévèrent avec détermination. Leur monde est celui de la confrontation : batailles contre les concurrents, mais aussi contre les multitudes d'entraves qui viennent contrarier l'avancée de l'entreprise. Envie de construire, indépendance et rêve de s'enrichir sont au cœur de ses motivations. Ces dernières sont suffisamment puissantes pour qu'il se consacre à sa passion professionnelle sur un mode sacrificiel.

Rapprocher l'entrepreneur du politique, c'est faire preuve d'une méconnaissance de ce que les entrepreneurs vivent, de ce qu'ils sont et donc de ce dont ils ont besoin, notamment pour continuer de créer des emplois. Respecter l'autre, c'est d'abord faire l'effort de le comprendre. Puis d'en tenir compte pour faire évoluer ses a priori plutôt que de les asséner de façon péremptoire. C'est pourquoi l'on ne peut qu'inciter la ministre à suivre le conseil de Tom Enders, patron d'EADS : « Les gouvernements n'ont pas à jouer les entrepreneurs. »