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Donner envie de s’impliquer

Un sondage récent montre que six Français sur dix sont contre les pistes proposées par le ministre de l’Économie pour travailler plus dans le but de préserver notre système social. Les données statistiques sont formelles : nous travaillons globalement moins que les autres pays européens à la fois en durée et en proportion de la population. Mais cela ne convainc en rien nos concitoyens. En majorité, ils gardent une relation au travail où l’objectif principal est de limiter au maximum son emprise sur leur vie. C’est comme si les propos de l’ancien premier ministre Michel Rocard qui préconisait de travailler moins pour vivre mieux, avaient imprégné toute la société française. La plupart semble considérer que la qualité de vie s’oppose au travail. Comment ne pas mettre en lien ce sondage avec les tensions qui se font jour partout entre les employeurs et les collaborateurs sur la question de la présence et la réduction du télétravail ? Non seulement les Français ne veulent pas travailler plus, mais ils ne veulent plus venir sur leur lieu de travail.

Les entreprises peuvent incriminer le système éducatif, qui de fait, transmet aux élèves une mauvaise image du « privé ». Mais elles ne peuvent se dédouaner de leurs responsabilités dans cette image repoussoir du travail.

Pourtant, la plupart des entreprises tentent de prendre en compte la question de la qualité de vie au travail et de l’équilibre de vie des collaborateurs : ça ne suffit pas.

L’un des sujets essentiels est la difficulté croissante à faire en sorte que les acteurs se sentent intégrés dans le projet de l’entreprise. La plupart préfère rester à distance tant émotionnellement que physiquement (voire le goût pour le télétravail). Or cette intégration doit se travailler à trois niveaux. D’abord dans la vie quotidienne des salariés qui doivent avoir les moyens de remplir leurs objectifs en leur donnant de la marge de manœuvre et en valorisant leurs réussites. Ensuite dans la qualité relationnelle, la participation à un collectif soutenant au sein duquel chacun trouve du plaisir à côtoyer ses collègues. Enfin que chacun ait la conviction de contribuer à une finalité qui fait du sens et qui rend fier. Ces trois dimensions se construisent et s’entretiennent. Elles demandent plus d’exigence que de simplement stimuler les acteurs par leur rémunération.

Les dirigeants qui eux travaillent beaucoup, se désolent volontiers du manque de goût pour le travail de leurs compatriotes. Ils feraient mieux de s’interroger sur les solutions qui dépendent d’eux.