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Penser son entreprise

Penser est un courage indispensable à cultiver.

En ce début d’année chacun a émis et reçu de nombreux vœux. Souhait souvent généraux sans trop d’illusions sur leur réalisation. Janvier est aussi un mois privilégié par les équipes dirigeantes pour prendre du recul et réfléchir à l’année à venir. Bien souvent, le risque est d’osciller entre des propos généraux sur ce qu’il faut changer (équivalent des souhaits sans suite) et une mise à plat très opérationnelle des plans d’action pour les prochains mois. Mais l’équipe prend rarement le temps de repenser l’entreprise dans sa globalité. Dès lors, le risque est double. D’une part, d’oublier des dimensions essentielles à la dynamique globale ; d’autre part, de manquer de cohérence dans l’ensemble des actions lancées. Penser la dimension humaine de l’entreprise, c’est intégrer trois dimensions. La première est la dimension inspirationnelle. En quoi l’entreprise fait rêver, donne du sens à ce qui est réalisé au quotidien, procure le sentiment que l’on participe à quelque chose qui va au- delà de sa simple contribution. Les entreprises sont très inégales sur ce plan. Certains dirigeants, comme celui de Danone, se sont fait remarquer par la puissance inspirationnelle de leur discours.

La deuxième dimension est celle du rationnel. Le sens est un moteur, s’il n’est pas contredit au quotidien dans la mise en œuvre. Chacun des acteurs doit mesurer la cohérence. Cohérence entre les objectifs et les moyens, entre les attentes vis-à-vis des collaborateurs et le mode de management, entre le fonctionnement collectif et les enjeux stratégiques. En l’absence d’une réflexion approfondie, on constate que les messages émis sont souvent contradictoires.

« Privilégiez l’esprit d’équipe » alors que la performance individuelle est survalorisée ;  « prenez des initiatives » alors que la machine à produire des process ne faiblit pas ;

« osez » alors que les erreurs restent accolées à l’image de celui qui les a commises. Penser son entreprise consiste à faire des choix et à garantir une mise en œuvre parfaitement conforme à ces lignes directrices. Autrement dit, sortir de l’ambivalence qui permet de dire tout et son contraire et de considérer que si l’on n’a pas ce que l’on veut, c’est de la faute des autres. Enfin, la troisième dimension : l’émotionnel. Ce n’est pas parce que les équipes perçoivent du sens et qu’elles trouvent de la cohérence dans le fonctionnement quotidien qu’elles trouvent les ressources émotionnelles qui leur donnent idées, envie, énergie. Plus encore, certaines ambiances émotionnelles basées sur la peur et la pression produisent l’effet contraire que celui qui est annoncé.

 

Et après ?

Chacune de ces dimensions  inspirationnel, rationnel et émotionnel doit être pensée et articulée les unes aux autres par les dirigeants. C’est l’autre dimension stratégique pour l’entreprise. Celle que les dirigeants doivent nécessairement s’approprier en complément de la stratégie business. Paradoxalement, les dirigeants souvent formés dans les meilleures écoles semblent rechigner à prendre ce temps de réflexion sur l’intérieur de l’entreprise. Or, dès qu’ils le font, cela leur simplifie considérablement la vie et celle de leurs équipes.

Penser est un courage indispensable à cultiver.