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L’image de soi

Emmanuel Macron n’a visiblement pas la même image de lui que s’en font le Premier ministre et le président de la République. Le ministre de l’Economie se voit volontiers monter sur la plus haute marche quand les autres le considéraient plutôt comme une marche pour eux-mêmes. En l’occurrence, ce sera aux électeurs de décider, si l’occasion se présente.

Il en est tout autrement en entreprise où ce sont les dirigeants qui décident du parcours des uns et des autres – sujet sensible s’il en est. D’autant plus sensible qu’il existe souvent un décalage entre la représentation que l’on se fait de son propre avenir et celle qu’en a sa hiérarchie.

Son image de soi résulte de la façon dont, avec ses traits de personnalité, on capitalise sur son propre parcours. Ainsi, le récit que l’on garde de ses succès et de ses échecs est filtré et déformé par le tempérament de chacun. A parcours identique (à supposer que cela soit possible), les uns ne vont retenir que les raisons de nourrir leurs ambitions croissantes, alors que les autres ne vont qu’alimenter leurs doutes sur leurs capacités. Ce manque de lucidité sur soi est plus ou moins grand.

En face, les dirigeants se construisent une image des autres en captant, testant, observant. Mais eux aussi filtrent les enseignements qu’ils en tirent à travers leurs émotions. Le risque, bien sûr, est le décalage progressif qui s’installe dans le non-dit. Et ce décalage peut s’amplifier progressivement au gré des événements.

Chacun a ses raisons, mais qui a vraiment raison ? Il n’y a pas une, mais des vérités, d’autant que l’image de chacun évolue et change avec le temps. L’enjeu est donc d’identifier les décalages existants et d’en comprendre les ressorts. Cela suppose que l’on se parle franchement, mais si parfois l’intention est là, souvent les freins dominent. Le collaborateur juge souvent qu’il vaut mieux ne pas trop se dévoiler – et ce, ni sur ses ambitions ni sur ses doutes. Il en dit donc le moins possible. Les dirigeants, eux, veulent se garder la possibilité de changer d’avis et s’abritent volontiers derrière le prétexte de ne pas démotiver pour se taire. Pourtant, permettre à un collaborateur de mieux comprendre l’image qu’il donne, c’est lui rendre service. Tout est une question de forme. Mieux vaut poser des questions pour ouvrir une réflexion que d’affirmer des positions.