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La peur de l’avenir

Absurde ! L’échec des négociations dans les télécoms semble incompréhensible tant chacun des quatre opérateurs avait intérêt à ce qu’elles aboutissent. Ce n’est pas faute d’avoir pris le temps de trouver des compromis. Pendant plusieurs mois, de très nombreux acteurs ont été mobilisés pour éliminer, un à un, les obstacles. Malgré les difficultés, tout semblait avancer dans le bon sens – d’ailleurs les protagonistes qui se sont exprimés ont fait part de leur optimisme. Toutes ces étapes laissent à penser que les acteurs devaient être très près d’un compromis équitable pour les différentes parties. Et au dernier moment, c’est l’échec. La première explication avancée par la plupart des commentateurs est celle des particularités psychologiques et relationnelles des patrons. Certains passent pour avoir un ego démesuré. Et leurs relations deux à deux pouvaient être tellement dégradées qu’ils refusaient même de se rencontrer. Certes, mais chacun d’entre eux connaissait bien son intérêt et négociait depuis des mois. Il est donc difficile de se contenter de cette explication. Qu’est-ce qui fait qu’au dernier moment, on ajoute une condition ou on refuse un compromis, alors que le mouvement global apporte de la valeur à tous ? Une autre hypothèse est que si, finalement, tout le monde sort « perdant-perdant » de cette négociation, c’est qu’au dernier moment, ceux qui l’ont fait échouer manquaient de confiance en eux-mêmes. Ils ont tout simplement eu peur. Peur de ne pas savoir profiter de cette opportunité pour en tirer le meilleur. Peur que les autres l’utilisent mieux qu’eux-mêmes. Peur de cette nouvelle donne par rapport au statu quo passé. Chacun se retrouve dans le même environnement plus restreint mais connu. Repli sur soi, défaut d’audace, crispation sur ce que l’on a. Ce n’est pas l’image de ces entrepreneurs dont on ne manque pas de vanter la capacité à prendre des risques. Peut-être est-ce tout simplement que même ces héros que sont les entrepreneurs vieillissent. Reste à redonner une explication aux équipes. Chacun en rentrant chez soi expliquera que c’est de la faute de l’autre, une attitude que tous les dirigeants refusent de la part de leurs collaborateurs. Engageons donc les acteurs de cet échec à se livrer, dans un premier temps, à un exercice d’introspection, et, dans un second temps, à celui du retour d’expérience, avec les équipes.