expand

Etre manipulé

J’ai dit à mes équipes que ce qui pourrait me faire sortir de mes gonds, c’est de me sentir « manipulé ». Le dirigeant qui s’exprime est toujours parfaitement calme. La menace n’en prend que plus de poids. Cette crainte d’être manipulé est présente chez tous les dirigeants de grand système. Ils savent qu’ils dépendent de leur entourage pour la qualité de l’information qui leur remonte et que cette information, selon son tri et sa présentation, peut faire basculer une décision. De leur côté, les équipes cherchent à influencer leur boss. C’est même leur rôle.

A propos, quelle est la différence entre manipulation et influence ?

Il s’agit, dans les deux cas, d’obtenir quelque chose de l’autre, de peser sur lui. Pour cela, mieux vaut comprendre son interlocuteur pour lui présenter les choses à travers un cheminement qui le conduira naturellement à la conclusion que l’on voudrait qu’il s’approprie. Les méthodes peuvent donc être similaires. La différence de fond est dans l’intention. Le manipulateur ne peut pas déclarer son intention car elle n’est pas avouable. Il avance dissimulé et si son interlocuteur met à jour ce qu’il cherche à faire, il nie. A l’inverse, celui qui influence n’a pas à s’en cacher. Il peut dire très ouvertement ce qu’il cherche à obtenir. Dès lors, le boss peut poser ses règles.

D’abord, être très exigeant sur la présentation des faits. Ils doivent être à la fois complets et synthétiques. Mais surtout, ils doivent être bien séparés de leur interprétation. Le risque d’être induit en erreur est de n’avoir qu’une partie des faits qui sont interprétés dans un sens et orientent la décision.

Ensuite, ne pas se laisser prendre par la pression du temps. C’est souvent à froid, lorsqu’on n’est plus sous la pression de ses interlocuteurs, que des hypothèses qui n’avaient pas été soulevées émergent. Pour élaborer, le cerveau a besoin de revenir sur un sujet à plusieurs reprises.

Enfin, interroger ses interlocuteurs sur leur opinion et la façon dont ils se la sont forgée.

Mais il faut garder en tête que le manipulateur joue avant tout sur les émotions de sa victime. S’il est habile, il la connaît, anticipe ses réactions et en use. La seule façon d’y parer est d’en être soi-même conscient.